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Libération
Conflit

La perspective d’une grève à la SNCF la semaine du 5 mai se renforce

Les négociations sont au point mort entre la direction et les deux syndicats qui ont déposé des préavis de grève à partir du lundi 5 mai. Si la grève a bien lieu, le gros des perturbations devrait se concentrer du 9 au 11 mai.
Des militants de SUD rail à Paris, en décembre 2024. (Eric Broncard/Hans Lucas.AFP)
publié le 24 avril 2025 à 15h30

La menace, brandie depuis la fin du mois de mars, ne fait que prendre de l’épaisseur à mesure que l’échéance approche. A la SNCF, la semaine du 5 mai, qui comprend possiblement un long week-end de quatre ou cinq jours avec le jeudi 8 mai férié, est annoncée comme une «semaine noire» par deux syndicats qui ont déposé des préavis de grève : la CGT et SUD rail, respectivement première et troisième forces représentatives.

Les revendications sont assez classiques : les syndicats demandent une augmentation et une refonte des primes pour les contrôleurs et les conducteurs, pointant les conséquents bénéfices (1,6 milliard d’euros) réalisés par la SNCF en 2024 pour réclamer leur «part du gâteau». Ils critiquent aussi l’instauration de deux logiciels de management et de gestion des plannings, baptisés Score et Hastus, qui «provoque [nt] d’importants désagréments dans le quotidien» des cheminots, selon la CGT.

La «main est toujours tendue»

Et si depuis un mois la SNCF et les deux organisations de salariés ont eu de nombreuses occasions de se rencontrer pour éviter la grève, les derniers développements laissent penser que le mouvement aura bien lieu. Mercredi, une réunion entre la direction et SUD rail s’est soldée par un échec. «Elle a duré deux heures, mais elle aurait pu se terminer au bout de deux minutes, a cinglé Fabien Villedieu, meneur de SUD rail, dans le Parisien. La DRH nous a dit qu’il n’y aurait pas d’évolution sur la rémunération. Quant aux modifications de plannings, qui rendent la vie quotidienne insupportable pour les contrôleurs et les conducteurs, elle est restée sur la mise en place d’ateliers de travail. C’est du foutage de gueule.»

Après cette réunion, mercredi, la direction de la SNCF a confirmé à la presse qu’elle juge «prématuré» de discuter de revalorisation de primes, étant donné que les dernières négociations salariales annuelles se sont closes il y a seulement quelques semaines, au mois de décembre 2024. L’entreprise tient également sa ligne qui consiste à ne pas négocier catégorie par catégorie. Sur la question des plannings, elle concède que des améliorations sont possibles mais estime que «le sujet est devant nous», avec la commande d’un audit externe pour «tirer des conclusions» sur l’impact des deux logiciels incriminés. La direction se veut malgré tout encore rassurante concernant la grève, assurant presse que la «main est toujours tendue» et que «personne n’a claqué la porte des négociations».

Rôle prépondérant du collectif CNA

Mais en l’état, il est difficile de voir comment cette position pourrait satisfaire les syndicats ainsi que les contrôleurs de l’influent collectif CNA, aussi à la baguette dans ce conflit. Cette alliance informelle de contrôleurs, qui avait beaucoup mobilisé en décembre 2022 et en février 2024, joue ici un rôle prépondérant, travaillant main dans la main avec SUD rail. A l’origine, c’est d’ailleurs pour ce collectif, autour duquel gravitent environ la moitié des contrôleurs de la SNCF (entre 4 000 et 5 000 personnes sur 10 000), que le syndicat avait déposé un préavis fin mars.

Si l’on en reste là, la grève s’annonce donc inévitable, comme les perturbations qui devraient s’étendre tout au long de la semaine du 5 mai. Curieusement, la CGT n’a pas fait coïncider son appel avec celui de SUD. La première organisation représentative à la SNCF appelle conjointement les conducteurs et les contrôleurs à la grève «à partir du 5 mai», insistant sur les 5, 6 et 7 mai. SUD, de son côté, évoque les dates du 6 mai pour les agents de maintenance, du 7 pour les conducteurs et les 9, 10 et 11 mai pour les contrôleurs. Le 8 mai n’est pas évoqué par les organisations syndicales. Selon toute vraisemblance, le gros des perturbations devrait donc se concentrer du 9 au 11 mai. Sauf si un déblocage de dernière minute intervient la semaine prochaine, comme a dit l’espérer le ministre des Transports, Philippe Tabarot, ce jeudi matin sur RTL.