Drôle de paradoxe. Les Pays-Bas sont dans le peloton de tête des pays où l’on pédale le plus. 28 % des déplacements se font à vélo, un record, mais beaucoup de Néerlandais ne veulent pas entendre parler d’un casque. Alors que de plus en plus de pays le rendent obligatoire pour les adultes, comme la Finlande, il reste rare aux Pays-Bas, selon un article du Guardian, publié dimanche 16 juin. Pourtant, si les cyclistes d’Amsterdam ou de Rotterdam se protégeaient la tête, 85 décès pourraient être évités par an, selon l’Institut néerlandais de recherche sur la sécurité routière, le SWOV. Rien que ça. Le gouvernement est sur la même ligne et prévoit de publier le mois prochain plusieurs directives à ce sujet. Pour inciter plutôt que de contraindre.
Sécurité routière en recul
Pourtant, les chiffres plaident en faveur d’une mesure d’obligation. Ces dix dernières années, le nombre de cyclistes gravement blessés dans le pays a augmenté de 27 %, selon l’organisation de prévention des blessures, Veiligheid NL. Le Conseil européen de la sécurité des transports considère même que la sécurité routière aux Pays-Bas a reculé de quinze années en arrière, en raison des nombreux décès de cyclistes plus âgés et aux vélos électriques. Le problème est majeur alors que le vélo fait partie de «l’identité culturelle du pays», est-il écrit dans l’article du Guardian.
Le quotidien britannique a interrogé Myrthe Boss, une neurologue de 42 ans, fan de bicyclette. Selon elle, «le cerveau est un organe très vulnérable avec une capacité de récupération limitée. Si vous tombez d’un vélo et subissez une lésion cérébrale, cela a des conséquences à long terme. Et une grande partie des personnes qui chutent en faisant du vélo souffrent de lésions cérébrales».
Des adultes réticents
La faute à qui ? Certainement pas aux enfants, qui portent souvent des casques et encouragent leurs aînés à faire de même, selon le média britannique. Les adultes, eux, sont plus réticents à en porter, au nom de la liberté. Les associations cyclistes, comme Fietsersbond, peu à peu, «changent de ton», peut-on lire dans le Guardian : «Nous sommes d’accord avec le fait que les casques n’empêchent pas les accidents, mais qu’il peut être judicieux d’en porter un sur la base du volontariat», a déclaré la directrice de l’association, Esther van Garderen, qui avertit tout de même : «Trop insister sur le port du casque découragerait parfois les gens de faire du vélo et aurait l’air de blâmer les victimes. Je pense que cela arrive lentement, même s’il n’existe pas de société sans danger et que nous valorisons notre culture où l’on peut faire du vélo en toute sécurité et librement.»
Climat Libé Tour Nantes : initiatives
Alors, pour encourager le port du casque, les initiatives se multiplient : des provinces, comme Utrecht ou Gelderland, ont, par exemple, mis en vente des casques à prix réduits, tandis que des entreprises de livraison, comme Just Eat, rendent désormais obligatoire le port du casque pour les livreurs à vélo.
«J’ai de la chance d’être ici»
Coïncidence du calendrier, le samedi 15 juin, le célèbre cuisinier britannique Gordon Ramsay, publiait une vidéo sur le réseau social X (anciennement Twitter) où il révèle avoir été victime d’un accident de vélo aux Etats-Unis et qu’il a été sauvé grâce… à son casque !
An important #FathersDay message from me…WEAR A HELMET ! This week I had a bad accident while riding my bike in CT. I'm doing ok and I’m thankful for all the doctors, nurses and staff at @LMHospital who looked after me but most thankful for my helmet that saved my life. Be Safe pic.twitter.com/UMjaoXGpkc
— Gordon Ramsay (@GordonRamsay) June 15, 2024
Il n’hésite pas à montrer une énorme ecchymose sur le côté droit de son torse. Pris en charge par «des chirurgiens traumatologues, médecins et infirmiers», Ramsay explique que cet accident l’«a vraiment secoué et honnêtement, j’ai de la chance d’être ici». Puis conclut, le visage grave : «Je suis surtout reconnaissant à mon casque qui m’a sauvé la vie.»