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Le ferroviaire a le vent en poupe : fréquentation record pour le TGV avec 122 millions de passagers en 2023

A l'heure de la transition écologiquedossier
Malgré les critiques vis-à-vis de son prix toujours plus élevé, le train attire encore les voyageurs. Ce vendredi 19 janvier, la SNCF a dévoilé des chiffres records pour l’année 2023.
Des voyageurs attendent sur le quai l'arrivée de leur train. (Nicolas Guyonnet/Hans Lucas. AFP)
publié le 19 janvier 2024 à 14h05

En 2023, les Français ont repris le chemin des gares. Le train à grande vitesse (TGV) a enregistré un nouveau record de fréquentation, avec 122 millions de passagers transportés, en hausse de 4 % par rapport à 2022, année déjà considérée comme historique. Ces chiffres, rendus publics ce vendredi 19 janvier par Christophe Fanichet, président directeur général de la compagnie SNCF Voyageurs, révèlent un regain d’intérêt pour cette mobilité bas carbone, certes critiquée pour ses retards ou encore pour son prix, mais dont l’affluence ne cesse d’augmenter depuis la fin de la crise sanitaire.

Le transport express régional (TER) connaît lui aussi un engouement inédit, avec une hausse de fréquentation de 8 % en 2023. Par rapport à l’avant-Covid, la fréquentation dans les TER a bondi de 21 %. Christophe Fanichet met en avant «des progressions exceptionnelles dans certaines régions», comme en Occitanie, où le nombre de voyageurs a augmenté de 40 % en quatre ans. Les trains Intercités ont eux aussi connu une croissance soutenue, avec 11 millions de voyageurs (+4,5 %). La demande loisir a progressé de 2 % par rapport à l’année précédente, mais c’est surtout la demande professionnelle qui a dynamisé la croissance, avec 6 % de clients «pros» en plus sur les rails. «Nous avons retrouvé dès 2023 le niveau des clients pros que nous connaissions avant les années de crise sanitaire», s’est réjoui le président de SNCF Voyageurs.

L’âge d’or du train ?

«On est bien à l’âge d’or du train. On est en train de construire un cercle vertueux du ferroviaire», a salué le responsable de la compagnie ferroviaire. Pour autant, «cette croissance a été limitée par des effets de saturation», a-t-il regretté, autrement dit le manque de trains, notamment pendant les périodes estivales, de Noël ou les vacances. «Un TGV sur trois a circulé complet l’an dernier», a précisé Fanichet. Un taux qui monte à 60 % pour le Ouigo - ce TGV low-cost à classe unique, sans voiture-bar et sans remboursement possible, sur lequel la SNCF compte pour séduire les Français à revenus plus modestes.

Pour rendre cette popularité pérenne, le principal levier d’action reste le prix des billets, dont la gestion opaque interroge. La hausse des tarifs plafonnés des cartes Avantage à l’été 2023 et les montants toujours plus élevés des TGV ont fait gronder de nombreux usagers. Alors ministre des Transports, Clément Beaune était arrivé à la rescousse en décembre, en promettant un «bouclier tarifaire» sur les tarifs des trains Ouigo et Intercités en 2024. Et ainsi éviter que le train ne se fasse doubler par l’avion, dont l’ombre des tarifs toujours plus attractifs - notamment des compagnies low cost - plane sur le ferroviaire.

D’après les informations du Parisien, les prix des billets de train, toujours plus élevés, servent avant tout à financer la régénération du réseau ferroviaire, vieux de plusieurs dizaines d’années. En parallèle de ces travaux, la SNCF a également lancé un programme pour prolonger la durée de vie de ses rames existantes de deux à dix ans, afin de répondre à l’explosion de la demande. Autre solution envisagée pour combler cet écart entre l’offre et la demande : le groupe ferroviaire a commandé 115 «TGV-M» à Alstom (le fabricant français de TGV). Les premiers de ces «trains du futur», moins cher, avec plus de sièges et une empreinte carbone réduite de 30 % par rapport à un TGV classique, devraient être livrés en 2025.

Conséquence de cet engouement, les effectifs de SNCF Voyageurs, qui compte 66 000 employés, vont croître en 2024 pour la deuxième année d’affilée, après de nombreuses années de régression. Une bonne nouvelle pour le secteur, et en particulier pour le climat, menacé à l’inverse par une explosion de la fréquentation aérienne pour 2024, avec 4,7 milliards de passagers dans le monde. Un «record historique» qui surpasserait les chiffres d’avant-Covid. Entre ces deux modes de transport que tout oppose, la bataille n’est pas près de s’arrêter.