«Il n’y a pas d’eau». Interrogé sur le plateau de France Info ce jeudi 18 avril, le président des centres Leclerc, Michel-Édouard Leclerc, a tenté d’éteindre la polémique sur la présence suspectée d’eau dans les cuves de plusieurs stations-service du groupe dans le département de la Gironde. «Il y a encore des investigations à faire, mais les sondes [utilisées pour mesurer la composition de l’essence, ndlr] ne montrent pas de trace d’eau», a affirmé le chef d’entreprise. Il assure également que des analyses des carburants sont réalisées «tout le temps» dans les magasins du groupe.
Reconnaissant toutefois qu’«il peut y avoir ici ou là un problème de surhumidité dans une cuve, un problème humain de mauvais versement», Michel-Édouard Leclerc confirme que des indemnisations seront versées si des problèmes étaient «documentés».
🔴 De l'eau supposément retrouvée dans le carburant Leclerc ➡️ "Chaque centre Leclerc est tenu à un cahier des charges, il y a des sondes, il n'y a pas d'eau", tranche Michel-Edouard Leclerc. pic.twitter.com/sv3qCnwhrM
— franceinfo (@franceinfo) April 18, 2024
La polémique est née sur les réseaux sociaux ces deux dernières semaines. Des dizaines d’automobilistes ont fait état de problèmes de moteurs sur leurs véhicules, dont de nombreuses pannes, comme le raconte France 3 Nouvelle-Aquitaine ce lundi 15 avril. Ces difficultés seraient apparues après avoir fait leur plein d’essence dans certaines stations Leclerc de la région bordelaise, notamment à Sainte-Eulalie et Ambarès.
Les garagistes qui ont ensuite effectué les réparations assurent avoir constaté la présence d’eau dans le gazole. Désormais rassemblés sur des groupes Facebook, les clients mécontents seraient plus d’une centaine, et exigent de l’enseigne le remboursement des frais. Le groupe a d’ailleurs mis en place un formulaire de réclamation dans les stations pointées du doigt.
50 réclamations pour 450 000 pleins par jour
Sur France Info, le Michel-Édouard Leclerc n’a pas nié l’existence de problèmes de moteurs rencontrés par des clients, mais considère qu’on ne peut pas affirmer qu’ils proviennent des stations service du groupe. «Il y a des gens qui ont dit avoir des problèmes, à qui on a dit d’aller voir Leclerc», explique-t-il. Selon son décompte au 17 avril, «une cinquantaine de clients sont allés dans une quinzaine de stations-service locales» girondines pour déposer une réclamation. Une goutte dans l’océan des «450 000 pleins par jour» réalisés dans les centres Leclerc.
Et si 25 clients ont fait remonter des problèmes de moteurs après un passage dans la seule station de la commune Sainte-Eulalie, l’essence proviendrait, selon lui, de plusieurs cuves. Il poursuit en précisant que dans «cette station, il y a 3 000 pleins par jour.» Comprendre : le nombre d’automobilistes concernés serait bien plus important si la cause des bugs se situait dans les cuves de Leclerc.
Billet
Concurrence et complotisme
Par ailleurs, Michel-Édouard Leclerc a essayé d’expliquer les affirmations des professionnels ayant relevé la présence d’eau dans les moteurs de certains clients. «Le garagiste qui a une station-service concurrente, il a tendance à nous [accuser] en disant “si ce n’est pas cher chez Leclerc, c’est que ce n’est pas le même carburant”». Un argument qu’il réfute : «moi ça fait 40 ans que j’entends ça : si on vend moins cher à Leclerc, c’est parce qu’on vend moins cher, mais c’est vraiment la même essence», a-t-il assuré.
Le chantre des prix bas a également évoqué la possibilité d’un complot : «On s’est tous posé la question à Leclerc, du terrain jusqu’au siège, de savoir si c’était un “scud” [terme familier pour désigner une attaque verbale, ndlr] qu’on nous envoyait, sachant qu’on allait peut-être faire des opérations prix coûtant, et pour nous discréditer par avance». Il a aussi pointé du doigt la responsabilité des réseaux sociaux : «On ne va pas prendre simplement un site Facebook de gens qui se plaignent [sic]», soulignant «vous savez, sur les réseaux sociaux, vous avez beaucoup de trolls.» Il récuse donc l’ampleur d’une mobilisation qu’il espère voir s’essouffler.