Une manifestation rassemblant plusieurs 8 000 cheminots, selon la CGT, s’est déroulée ce mardi 28 mai après-midi à Paris pour dénoncer «la libéralisation du rail» et la liquidation de Fret SNCF, entreprise publique de transport de marchandises. «On veut réinstaller un débat sur l’avenir du fret», a insisté le secrétaire général de la CGT-Cheminots, Thierry Nier.
La raison principale de la colère vient de Bruxelles. En janvier 2023, la puissante direction générale de la concurrence de la Commission européenne a ouvert «une enquête approfondie afin de déterminer si certaines mesures de soutien françaises en faveur de Fret SNCF [sont] conformes aux règles de l’UE en matière d’aides d’Etat». L’entreprise est accusée d’avoir perçu 5,3 milliards d’euros d’aides illégales.
Décryptage
Dans la foulée, le gouvernement a unilatéralement négocié un «plan de discontinuité» pour éviter à la société des poursuites et une obligation de rembourser une dette qui l’aurait conduite à la faillite. Une procédure de liquidation de la société a donc été lancée. Fret SNCF pourra renaître sous un autre nom mais à la condition de céder 30 % de son activité et 20 % de son chiffre d’affaires à des concurrents.
Environ 500 emplois, soit 10 % des effectifs actuels, doivent être supprimés dans le processus – même si le groupe SNCF s’est engagé à trouver une solution pour tous les salariés afin d’éviter tout licenciement. Inacceptable pour l’intersyndicale (CGT, Unsa, SUD et CFDT), qui appelait à la manifestation ce mardi. «Il y a une volonté délibérée de faire de la SNCF une entreprise marchande au détriment de favoriser les enjeux environnementaux pour les décennies qui viennent», a dénoncé Thierry Nier.
«Entreprise publique de service public»
En France, la part de marchandises transportées par le rail est passée de 14,6 % en 2002 à 10,7 % en 2021, ont rappelé les syndicats. Ailleurs dans l’Union européenne, cette moyenne s’établit à 17 %. La France a affiché comme ambition sa volonté de doubler la part de marchandises transportées par le train d’ici à 2030.
«Seule une entreprise publique de service public peut répondre à de tels enjeux», a lancé le syndicaliste Thierry Nier à la tribune, avant le départ de la manifestation entre la place d’Italie et la gare Montparnasse. De nombreux responsables politiques de gauche figuraient dans le cortège, comme le secrétaire général du Parti communiste, Fabien Roussel, ou la tête de liste LFI pour les élections européennes, Manon Aubry.
Présent également, le président de la Commission des finances à l’Assemblée nationale, Eric Coquerel (LFI), a déclaré à l’AFP avoir demandé la tenue d’un débat autour de l’avenir de Fret SNCF à l’Assemblée, sans réponse du gouvernement pour le moment.