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Les vacances tournent au cauchemar pour des centaines de touristes, bloqués à l’aéroport de Madère

Depuis plus d’une semaine, des centaines de touristes sont bloquées à l’aéroport de l’île portugaise. En raison de violentes rafales de vents, les avions sont immobilisés sur le tarmac depuis 10 jours. Certains passagers bloqués déplorent une mauvaise prise en charge par leur compagnie aérienne.
Aéroport international Cristiano-Ronaldo sur l'île de Madère, Portugal. (Boarding1Now/Getty Images)
publié le 21 août 2024 à 14h09
(mis à jour le 21 août 2024 à 15h03)

Des matelas posés à même le sol, des halls d’aéroports bondés, ou encore des bagages entassés par centaines : depuis mercredi 14 août, des centaines de passagers, dont de nombreux Français, sont bloquées à l’aéroport de Madère, une île portugaise située au large du Maroc. Des vents violents, qui balaient la piste à plus de 70 km/h, sont à l’origine de cette paralysie du trafic aérien. Une situation qui engendre des annulations de vols et des frais supplémentaires pour les touristes immobilisés. Libé fait le point sur ce que l’on sait de la situation.

Que se passe-t-il à l’aéroport de Madère ?

Depuis maintenant une semaine, les halls de l’aéroport International de Madère Cristiano-Ronaldo, situé entre la montagne et l’Océan Atlantique, se sont transformés en hôtel de fortune. En effet, en raison de bourrasques de vent enregistrées à plus de 70 km/h sur l’île portugaise – et qui alimentent par ailleurs de violents incendies qui ont ravagé en quelques jours au moins 5 000 hectares de végétation – le trafic aérien est paralysé.

Les annulations de vols se multiplient et des milliers de passagers se retrouvent alors sans solution de retour. Certains touristes ont donc installé leur matelas à même le sol dans l’aéroport, alors que d’autres s’entassent sur les quelques sièges disponibles. Comme le rapporte le Figaro, un couple a même décidé de louer une voiture afin d’y dormir, et ainsi de limiter les frais d’hôtel exorbitants, dont les tarifs pour une nuit peuvent atteindre jusqu’à 800 euros la nuit, et dépassent donc le forfait fixé par les compagnies (100 euros la nuit pour Easyjet par exemple). De quoi donner des images dignes d’un chaos le plus total.

Quelles solutions sont proposées aux touristes bloqués sur place ?

Dans la précipitation, les voyageurs s’organisent comme ils le peuvent avec leurs compagnies pour se loger en urgence, et pour organiser leur retour au plus vite. Toutefois, en haute saison, de nombreux avions sont déjà complets, ce qui allonge les délais pour obtenir un nouveau billet. Chaque place disponible est alors prise d’assaut, ce qui repousse la date du départ.

Aussi, sur les réseaux sociaux, de nombreuses touristes dénoncent l’attitude des compagnies low cost, comme EasyJet ou Ryanair, et en particulier les conditions de remboursement. Certains passagers de Ryanair n’ont quasiment aucun contact avec la compagnie, rapporte BFMTV.

C’est aussi le cas pour Hugo Chereau, un jeune Français de 26 ans arrivé à Madère le 7 août dernier avec sa compagne, pour qui les quelques jours de vacances ont viré à la catastrophe. Un véritable «casse-tête», explique-t-il à Libération. Son vol retour initial à destination de Paris Charles de Gaulle, prévu le 17 août, a été annulé. Sa compagnie, Easyjet, lui a alors proposé un «vol de remplacement gratuit» à la date du 28 août, «soit 11 jours après [son] départ initial».

Une solution qui lui paraît dans un premier temps viable, surtout lorsque la compagnie low cost lui annonce qu’elle s’occupera de rembourser «tous les frais avancés» lors de ces 11 jours d’attente : hôtel, nourriture, et taxis. Mais dès le lendemain, lorsque le jeune français tente de rappeler Easyjet afin de se renseigner sur les démarches à suivre, l’information est toute autre. «On m’a annoncé qu’en raison des circonstances exceptionnelles, seulement les deux premiers jours sur place seront indemnisés, et non les onze comme prévu initialement».

Un scénario noir pour Hugo Chereau, qui dispose d’un «budget serré». Il décide alors de choisir un autre vol, prévu plus tôt - le vendredi 23 août - afin de limiter les dépenses malgré les frais supplémentaires liés à la modification de son vol. «Avec mes 6 jours bloqués sur place, je vais malgré tout débourser 2 000 euros, un montant qui n’était pas prévu dans le budget vacances», avance-t-il. Puisqu’il s’agit d’une annulation de la compagnie, et non de son propre chef, l’assurance de sa carte bancaire ne fonctionne pas.

Auprès de Libération, EasyJet dément toutefois ce revirement. La compagnie déclare «couvrir les frais d’hôtel au-delà de 2 jours. Les passagers peuvent demander une extension de prise en charge jusqu’à la date de leur vol en contactant notre service client».

Est-ce une situation inédite ?

Ce n’est pas la première fois que ce lieu se trouve au cœur de l’actualité : depuis sa mise en service en 1964, cet aéroport est en effet considéré comme l’un des plus dangereux au monde. Les pilotes doivent avoir avoir suivi une formation spéciale et validée afin de pouvoir procéder à un atterrissage à Madère en raison des difficultés techniques, tout comme un nombre de vols minimum à leur actif. Comme l’explique l’ancien pilote de ligne Jean Serrat sur BFMTV, chaque pilote se posant et décollant sur l’île «doit alors être entraîné pour la piste, soit en réel, soit au simulateur, au moins une fois tous les 6 mois».

Et ce vivier de pilotes formés à cet aéroport complexe varie en fonction des compagnies aériennes. Ces autorisations spéciales feraient par exemple défaut à Easyjet, pointe Jean Serrat, «car la compagnie ne dispose pas suffisamment de pilotes formés à ce terrain-là» pour proposer des vols réguliers.

Ce mardi, le gestionnaire de l’aéroport a finalement assuré que son fonctionnement avait repris normalement, et que les vols, pris d’assaut, reprenaient progressivement leur rythme habituel.

Mise à jour : à 14 h 51 avec des informations supplémentaires quant à la reprise des vols