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Transports

Ligne Paris-Marseille : Trenitalia annonce quatre TGV chaque jour à partir de la mi-juin

La compagnie nationale italienne a détaillé ce mardi 21 janvier ses projets de développement en France, une concurrence de taille pour la SNCF. La ligne entre Paris et Milan réouvrira en avril.
Un train de Trenitalia au niveau d'Igornay (Saône-et-Loire), le 28 août 2023. (Stéphane Mouchmouche/Hans Lucas via AFP)
publié le 21 janvier 2025 à 10h03

Pour fêter ses trois ans en France, Trenitalia a invité ce mardi 21 janvier la presse, dans un hôtel entre Opéra et Madeleine. Et elle a surtout fait deux grosses annonces. A partir de la mi-juin, quatre allers-retours de Fracciarossa (l’équivalent du TGV de la SNCF) auront lieu chaque jour entre Paris et Marseille via Lyon, Avignon et Aix-en-Provence. La capitale sera reliée à la métropole des Bouches-du-Rhône en 3h20. Et si l’entreprise, filiale du groupe FS, qui a annoncé un plan à 100 milliards en cinq ans à l’automne, n’a pas précisé la politique tarifaire, la billetterie sera lancée à la mi-mars. Depuis l’arrivée de la compagnie nationale italienne en décembre 2021, il s’agit là de leur deuxième ligne de trains à grande vitesse franco-française après le Paris-Lyon.

L’autre grande annonce de Trenitalia, élue meilleure compagnie européenne par l’ONG Transport & Environement, est le retour de Paris-Milan le 1er avril 2025, une liaison fermée depuis l’éboulement dans la vallée de la Maurienne en août 2023. Deux allers-retours chaque jour, pour des durées de trajet allant de 6h30 à 7h : départ de la capitale française à 7h30 et 15h18 et de la ville lombarde à 6h25 et 15h53, avec des arrêts à Lyon, Chambéry, Modane, Turin mais, désormais également, à Saint-Jean-de-Maurienne et Oulx. La billetterie est quant à elle ouverte dès ce mardi matin. Des allers-retours à 70 euros en classe standard sont disponibles, y compris pendant les ponts de mai.

Trenitalia France en difficultés financières

Ces deux annonces renforcent également de fait la connexion «historique» entre Paris Lyon puisque 9 allers-retours auront désormais lieu entre les deux villes à partir de la mi-juin. Trenitalia annonce 60 % de taux de remplissage moyen, avec un client sur deux qui se déplace pour des raisons professionnelles. «J’espère bien qu’ils vont finir par venir, les Italiens, comme ça, on arrêtera de nous accuser de faire de l’obstruction à l’arrivée de la concurrence», ironisait Guillaume Pepy, alors président de la SNCF, en 2009. C’est désormais chose faite.

Les tarifs agressifs trouveront en revanche peut-être leurs limites : Marco Caposciutti, le PDG de Trenitalia France, a ce mardi confirmé la fin cette année des réductions des très onéreux péages ferroviaires en France (qui financent l’entretien du réseau) offertes aux nouveaux concurrents sur une ligne, mais qu’ils seraient réduits pendant deux ans sur Paris-Marseille. Il y a pourtant urgence : la compagnie italienne a perdu 84 millions d’euros sur ses deux premières années.

Officiellement ouverte depuis fin 2009 en France, la concurrence continue pourtant de se concentrer sur les axes les plus rentables, à savoir les lignes à grande vitesse entre Paris et le Sud, bientôt vers le littoral Atlantique. Trenitalia ne devrait d’ailleurs pas être la seule compagnie à concurrencer la SNCF sur le tronçon surchargé entre Paris et Marseille : la compagnie nationale espagnole Renfe a elle aussi annoncé vouloir lancer une liaison entre les deux villes, mais également entre Toulouse et Barcelone, en plus de celles reliant déjà Barcelone à Lyon ou Marseille via Montpellier depuis 2023.

Pour les lignes régionales, cela reste plus anecdotique. Même si de nombreux appels d’offres ont eu lieu, seuls Marseille-Nice - également surchargé - et la ligne entre Nancy et Contrexéville (Vosges) à partir de 2027, les deux étant opérées par Transdev, ont trouvé preneurs à ce jour. La SNCF continue par ailleurs de résister au-delà de la réponse aux appels d’offres, en ne faisant parfois aucun cadeau à ses concurrents. Le numéro 2 de Trenitalia France, Fabrice Toledano, a par exemple confirmé que les billets de sa compagnie continueraient «à moyen terme» de ne pas être distribués sur SNCF Connect, plateforme réflexe pour les usagers français.

Concurrence à l’avion

Plutôt qu’une concurrence dangereuse pour la SNCF, l’ouverture du Paris-Milan représente surtout une alternative crédible à l’avion pour les trajets entre la France et l’Italie. Milano Centrale étant la plus grande gare du pays, il sera possible, grâce au train matinal, de relier Paris ou Lyon à n’importe quelle grande ville italienne, la plupart du temps avec une seule correspondance, grâce à des prix qui regardent dans les yeux ceux de l’aérien.

Concrètement, des Paris-Venise à 110 euros sont d’ores et déjà disponible, avec une arrivée dans la Sérénissime aux alentours de 17 heures et un retour à partir de 13 heures. Marco Caposciutti, le PDG de Trenitalia France, a par ailleurs confirmé ce mardi «étudier» une liaison entre Marseille et Gênes puis Milan par la Côte d’Azur. De quoi satisfaire les nombreux voyageurs qui aimeraient se déplacer de la manière la plus décarbonée possible entre la France.