Menu
Libération
Automobile

L’Union européenne va réexaminer «le plus tôt possible» l’interdiction des véhicules thermiques dès 2035

Lors d’une réunion avec les dirigeants du secteur, ce vendredi 12 septembre, la Commission européenne a annoncé vouloir accélérer la révision de la mesure prévue pour 2026, comme le réclamaient les industriels.

A Berlin, en 2018. (Sean Gallup/Getty Images. AFP)
Publié le 12/09/2025 à 15h45

La Commission européenne a annoncé vendredi qu’elle allait réexaminer «le plus tôt possible» l’interdiction prévue en 2035 des véhicules à moteur thermique, sous la pression des industriels qui espèrent un assouplissement de cette mesure environnementale majeure. Les textes actuels prévoient un réexamen de cette mesure en 2026, mais les industriels poussaient pour un calendrier accéléré, dans l’espoir d’obtenir des assouplissements face aux difficultés que traverse leur secteur.

La présidente de la Commission, Ursula von der Leyen, a fait cette annonce aux dirigeants des principaux constructeurs européens, qu’elle avait réunis à Bruxelles dans le cadre du «dialogue stratégique» sur l’avenir de l’industrie automobile, selon l’entourage du commissaire à la Stratégie industrielle, Stéphane Séjourné. Ce dialogue a été lancé en début d’année pour aider le secteur à s’adapter aux défis simultanés de l’électrification, de la concurrence et des tensions commerciales.

Un recul de plus

Parmi les participants qui se sont entretenus avec Ursula von der Leyen, figuraient le nouveau directeur général de Renault, François Provost, John Elkann (Stellantis), Oliver Zipse (BMW) ou encore Ola Källenius (Mercedes-Benz). «Ensemble, nous ferons en sorte que l’Europe reste au premier plan de l’innovation en matière automobile», a promis la dirigeante de l’exécutif européen, dans un message publié sur le réseau social X.

Les constructeurs avaient déjà obtenu il y a quelques mois le report d’une norme d’émissions de CO2. Mais ils se concentrent désormais sur la mesure phare de la Commission, l’interdiction dans l’UE à partir de 2035 de la vente de voitures neuves et des véhicules utilitaires légers à essence ou diesel, hybrides compris. Un emblème des ambitieuses mesures du Pacte vert européen (Green Deal), qui avait été acté en mars 2023 malgré les réticences allemandes.

Cette mesure est de plus en plus contestée par les constructeurs, confrontés à des ventes de modèles électriques qui patinent, à la concurrence chinoise en grande forme, aux droits de douane américains et à la chute des bénéfices mondiaux. Ils n’ont qu’un mot à la bouche désormais : obtenir des «flexibilités» pour passer au tout-électrique. La Commission agit ainsi «encore de manière trop indécise et trop peu stratégique», selon Hildegard Müller, dirigeante de la puissante fédération des constructeurs automobiles allemands (VDA).

«Une réglementation rigide en matière de CO2 menace la compétitivité et donc la transformation de l’ensemble du secteur», avait lui-même commenté mardi le chancelier allemand, Friedrich Merz, qui leur avait apporté son soutien, en plaidant depuis le salon auto de Munich pour «une réglementation européenne intelligente, fiable et souple».

«Tenez bon»

A l’inverse, 150 entreprises actives dans la filière des véhicules électriques (constructeurs, fabricants de batteries, opérateurs de recharge…) étaient montées au créneau lundi pour défendre la date butoir de 2035. «Tenez bon, ne reculez pas», avaient-elles plaidé dans une lettre ouverte adressée à Ursula von der Leyen. Le transport routier est responsable de plus de 20 % des émissions de gaz à effet de serre de l’UE, selon des données européennes. La décarbonation du secteur est considérée comme une étape clé pour que l’UE remplisse ses objectifs climatiques. Les Vingt-Sept visent à réduire de 90 % leurs émissions de gaz à effet de serre à l’horizon 2040 par rapport à 1990.

La réunion de vendredi a également permis à la présidente de la Commission de mettre en avant sa proposition, formulée vendredi dans son discours annuel devant le Parlement européen, d’aider les industriels à développer des «véhicules électriques abordables et de petite taille», qui seraient fabriqués en Europe, venant étoffer un segment sur lequel les constructeurs chinois leur taillent des croupières. Ces discussions ont lieu en plein virage pro-business au sein de l’Union européenne, via notamment la révision de nombreuses mesures environnementales adoptées lors du précédent mandat d’Ursula von der Leyen.