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Récit

«On est comme dans une prison à ciel ouvert» : en Guyane, 30 000 habitants bloqués au milieu de la forêt amazonienne faute d’avions

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Depuis la disparition d’Air Guyane fin septembre, cinq communes de l’ouest et du sud de Guyane sont isolées. En l’absence de route, ils ne peuvent plus rejoindre le littoral où se concentre l’essentiel de l’activité économique, des services de santé et de l’administration.
Des habitants de Maripasoula, le 8 novembre 2022. (Emile Boutelier/Libération)
publié le 12 novembre 2023 à 7h35

«Si je devais choisir un mot pour décrire la situation ? Je dirais chaotique. Ici, rien ne va. C’est catastrophique.» Au téléphone, depuis Maripasoula en Guyane, une commune frontalière avec le Suriname grande comme deux fois la Corse où elle a toujours vécu, Rosiane Agésilas alterne entre tristesse, dépit et colère. «On se sent complètement abandonnés, comme si on n’était plus en France», souffle-t-elle. Comme près de 30 000 habitants, répartis sur cinq communes du sud et de l’ouest guyanais, voilà un peu plus d’un mois que cette Guyanaise d’une trentaine d’années est comme coupée du monde. Impossible pour elle de quitter sa ville pour rejoindre le littoral, à 200 kilomètres de là, où se concentre l’essentiel de l’activité économique, des services de santé et de l’administration de Guyane. Sans même parler de rejoindre l’Hexagone. «On est comme dans une prison à ciel ouvert», enchérit un habitant d’un village voisin, quand un troisième parle de «véritable fléau».

Depuis le 29 septembre, la compagnie Air Guyane, qui transportait avec ses quatre avions jusqu’à 60 000 passagers par an et beaucoup de fret, a cessé ses activités. Lourdement endetté, le groupe Caire, propriétaire d’Air Guyane et d’Air Antilles, avait été placé en liquidation judiciaire début août. Avant donc que le couperet ne tombe près de deux mois plus tard pour Air Guyane, faute de dossier de reprise jugé suffisamment solide par le tribunal de Pointe-à-Pitre. 78 salariés de la compa