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Décryptage

Arrondissements concernés, véhicules autorisés, contrôles… Ce qu’il faut savoir de la zone à trafic limité mise en place à Paris dès ce lundi

Conformément à une promesse de campagne d’Anne Hidalgo, l’hypercentre de Paris devient une zone à trafic limité ce lundi 4 novembre. Désormais, impossible pour les véhicules qui ne comptent pas s’y arrêter d’y circuler.
Le quartier du Marais à Paris est concerné par l'arrêté publié le jeudi 31 octobre. (Serge Attal/Only France. AFP)
publié le 31 octobre 2024 à 15h46
(mis à jour le 4 novembre 2024 à 10h34)

Un pas de plus vers une ville moins tournée vers la voiture. La zone à trafic limité (ZTL), voulue par la mairie de Paris pour réduire la pollution, entre en vigueur ce lundi 4 novembre dans les quatre premiers arrondissements de la capitale. Véhicules autorisés, zones concernées, contrôles… Libé fait le point sur ce qu’il faut retenir de cette mesure, censée désengorger et mieux faire respirer l’hypercentre de la capitale.

Qui peut circuler et où ?

Dès ce lundi, les Ier, IIe, IIIe et IVe arrondissements de Paris passent en zone à trafic limité. Cette zone d’environ 5,5 km² dans l’hypercentre de la capitale ne sera plus autorisée qu’aux véhicules de secours, autobus, taxis, personnes à mobilité réduite, automobilistes y résidant ou y travaillant et tout le trafic «de destination», à savoir ceux dont les points de départ et d’arrivée se trouvent dans le secteur, pour un rendez-vous médical, faire des courses, aller au cinéma… Exit, donc, les véhicules qui ne feraient que traverser les quatre premiers arrondissements de la capitale.

Depuis l’annonce du projet en mai 2021, le périmètre de la mesure a fait l’objet de difficiles tractations avec la préfecture de police. Initialement inclus, les quartiers de la rive gauche situés entre le boulevard Saint-Germain et la Seine ont été retirés du périmètre, tout comme les îles de la Cité et Saint-Louis ainsi que les quais hauts de la rive droite.

Quels sont les objectifs ?

Repoussée plusieurs fois, la mise en place de la ZTL est un engagement de campagne de la maire socialiste de Paris Anne Hidalgo destiné à «libérer de l’espace public» occupé par les voitures et réduire la pollution. Des zones similaires existent déjà dans les quartiers centraux de plusieurs grandes villes européennes, notamment Madrid, Milan, Rome…

La mairie de Paris s’attend à une diminution «substantielle» du volume de la circulation dans les artères les plus fréquentées, avec -30 % avenue de l’Opéra et -15 % sur le boulevard de Sébastopol, plus à l’est, selon l’étude d’impact qu’elle a menée. Elle table aussi sur une baisse des nuisances sonores, ce qui «va améliorer le quotidien des 110 000 personnes vivant dans l’hypercentre», anticipe David Belliard, l’adjoint écologiste chargé des transports de la mairie de Paris.

Quels sont les contrôles mis en place ?

Pour les premiers jours, et même probablement les premiers mois, pas de sanction en cas de non-respect. La municipalité prévoit «une première phase de pédagogie» pour les automobilistes, avant une «seconde phase de contrôle et de verbalisation». En cas de non-respect, les conducteurs s’exposeront à des amendes de 135 euros.

Mi-septembre, des organisations de transport et de la logistique d’Ile-de-France réunies sous la bannière du Groupement des activités de transport et de manutention de la région Ile-de-France (Gatmarif) avaient demandé à la mairie des précisions sur les conditions d’accès et la présentation d’éventuels justificatifs. Finalement, pour pouvoir rouler, il faudra présenter une carte de résident et faire une autodéclaration en ligne.

La manière dont seront effectués les contrôles est encore floue. «Les modalités de contrôle ainsi que la liste des justificatifs permettant d’établir le droit à circuler à l’intérieur de la zone à trafic limité seront définies par un arrêté conjoint de la maire de Paris et du préfet de police», indique simplement l’arrêté publié le 31 octobre. A terme, d’après David Belliard, adjoint (les Écologistes) chargé des transports interrogé par Le Parisien, «des caméras qui permettent de sanctionner à partir de la lecture de plaques, comme c’est le cas en Italie», pourraient être mises en place. Mais pour cela il faudra d’abord modifier la réglementation pour permettre de réaliser de tels contrôles automatiques.

Pourquoi les oppositions critiquent-elles la mesure ?

Dans les rangs de l’opposition, les élus de droite dénoncent une mesure à leurs yeux inapplicable. «Ça va être un bordel sans nom, compliquant la vie des habitants avec des embouteillages sur les autres axes», estime Aurélien Véron, porte-parole du groupe Changer Paris porté par Rachida Dati. Union Capitale, premier groupe d’opposition, demande pour sa part une évaluation régulière «tant sur l’impact de la pollution que sur l’activité économique locale».

Maud Gatel (MoDem), quant à elle, redoute que la ZTL ne «mette en péril le dynamisme commercial et culturel» du secteur. «Le message sous-jacent c’est ‘ne venez plus’», estime la cheffe de file du parti centriste au Conseil de Paris, qui fustige une «décision proclamatoire, puisque dans les faits, il sera quasiment impossible de contrôler les entrées et sorties».

Mise à jour : ce lundi 4 novembre avec l’entrée en vigueur de la mesure.