Victoire en demi-teinte. Si les réformes du permis de conduire portées par la députée écologiste Karima Delli ont été adoptées par le Parlement européen, sa proposition de directive visant à imposer une visite médicale tous les quinze ans pour renouveler son permis de conduire a été rejetée ce mercredi 28 février (270 voix pour, 323 contre). Maigre consolation, «dans le texte, le Parlement invite les Etats membres à se pencher sur la visite médicale», précise l’eurodéputée écolo en conférence de presse bien qu’elle aurait préféré «un engagement plus fort, une obligation».

Ainsi la mention d’une «visite médicale» fait bien son entrée dans le droit européen, mais «sur base volontaire des Etats membres», a précisé l’attaché parlementaire de Karima Delli, Grégory Merly.

Malgré deux jours de tractations en coulisse à Strasbourg avec le comité #sauverdesviescestpermis, la présidente écolo de la commission des transports de l’UE et l’athlète paralympique Pauline Déroulède n’ont pas réussi à convaincre les eurodéputés et les différents chefs de groupe de voter en faveur de son texte. Cette visite obligatoire aurait dû permettre de vérifier l’aptitude d’un conducteur à prendre le volant et ainsi d’éviter des accidents de la route.

Pour autant, Karima Delli n’en démord pas. Son objectif de «réduire de moitié le nombre de mort d’ici à 2030 et d’arriver à zéro mort d’ici à 2050» tient toujours. Pour rappel, les accidents de la route avaient fait 20 000 morts dans l’Union européenne en 2022.

«Il y a un cruel manque de courage politique», a assené Pauline Déroulède, au côté de Karima Delli lors de la conférence de presse. De ces deux jours de discussions parlementaires, l’athlète paralympique retient que «la majorité des eurodéputés français est favorable pour inviter la France à mettre en place les visites médicales». Dès lors, un nouvel objectif se dessine, celui de convaincre notre gouvernement de mettre en place la visite médicale en France. «Le combat continue, affirme l’athlète. D’autant plus que les Français sont d’accord avec cette mesure.»

Selon un sondage Ifop publié par le Parisien, 59 % des Français sont favorables à la mise en place d’une telle mesure, bien que différentes associations de défense des conducteurs soient très vite montées au créneau. L’organisation de défense des conducteurs 40 Millions d’automobilistes a ainsi lancé une pétition, signée par 113 000 particuliers, pour que le principe du «permis de conduire à vie» ne soit pas remis en cause.

En outre, le texte adopté au Parlement européen abaisse la tolérance à l’alcool chez les jeunes conducteurs à 0,2 gramme d’alcool par litre de sang et le permis tracteur est supprimé. Le projet inscrit également dans le droit européen l’introduction d’un permis de conduire numérique, disponible sur le téléphone portable.

Le rapport sur le permis de conduire de l’UE n’a pas encore fini son parcours législatif. Certains aspects doivent être négociés avec les Etats membres au Conseil européen, et les eurodéputés ne se prononceront pas sur sa version finale avant plusieurs mois.

Mise à jour : ajout à 16 h 10 des prises de parole de Karima Delli et Pauline Déroulède lors d’une conférence de presse au Parlement européen.