Menu
Libération
Low-cost

Plombé par les cours du pétrole, Ryanair renonce à ses billets à 10 euros

Face à la flambée des cours de l’énergie, qui s’est accélérée avec la guerre en Ukraine, la compagnie aérienne à bas prix a annoncé jeudi 11 août sa décision d’arrêter son offre de billets à bas prix.
Des avions de la compagnie Ryanair à l'aéroport de Weeze, au nord de Düsseldorf en Allemagne. (Wolfgang Rattay /Reuters)
publié le 11 août 2022 à 12h32

Terminés, les billets pris sur un coup de tête, direction Barcelone pour un week-end, moyennant quelques fifrelins et une motivation sans faille pour se rendre à Beauvais et grimper dans l’aéronef bardé de bandes bleues et jaunes ? Avec la flambée des cours de l’énergie accentuée par la guerre en Ukraine, l’ère des billets d’avion bradés à 10 euros voire moins est révolue chez Ryanair. C’est ce qu’assure ce jeudi Michael O’Leary, patron de la compagnie à bas prix irlandaise.

«Je pense qu’il n’y aura plus de billets à dix euros car les cours pétroliers sont bien plus élevés depuis l’invasion de l’Ukraine par la Russie. Nos promotions vraiment pas chères […], je pense qu’on ne va pas voir ces tarifs pendant un certain nombre d’années», a-t-il affirmé sur la radio BBC Radio 4 dans la matinée. Les compagnies aériennes à bas coût, comme l’Irlandaise Ryanair ou sa rivale britannique EasyJet, ont bousculé le transport aérien depuis vingt ans avec une stratégie de casse des prix. Ce qui a participé à un bond des voyages courts, notamment des escapades urbaines le temps d’un week-end.

De l’histoire ancienne. Selon O’Leary, les tarifs moyens des billets sur Ryanair devraient augmenter en moyenne de quelque 10 euros, pour un prix moyen de 50 euros par trajet dans les cinq prochaines années. Une augmentation des prix qui, au regard de la structure tarifaire des compagnies low cost, basée sur une addition de nombreux suppléments, notamment pour les bagages, pourrait faire grimper le coût total d’un voyage aller-retour. Il faudrait prévoir désormais plutôt une centaine d’euros ou de livres.

Au Royaume-Uni, l’inflation pourrait dépasser 13 % d’ici octobre

L’envolée des prix pétroliers depuis un an (+36 % pour le Brent coté à Londres) pèse particulièrement lourd sur le budget des low cost en comparaison avec les transporteurs traditionnels. Malgré le contexte de crise et sa décision d’augmenter ses tarifs, le patron de Ryanair veut toutefois croire que la demande de voyages aériens va se maintenir. Selon lui, face aux contraintes budgétaires des consommateurs, les transporteurs low cost vont réussir à tirer leur épingle du jeu. Au Royaume-Uni, l’inflation pourrait dépasser 13 % d’ici octobre selon la Banque d’Angleterre. Les ménages britanniques pourraient voir leurs factures d’énergies annuelles augmenter de plusieurs milliers de livres en moyenne.

Toujours au micro de la BBC, Michael O’Leary en a profité pour s’insurger contre le Brexit qui a, selon lui, fortement réduit l’accès des travailleurs européens au Royaume-Uni. «Le marché du travail est très tendu, particulièrement pour les emplois peu qualifiés dans l’hôtellerie-restauration, la distribution et l’agriculture, et aussi pour la sécurité et les bagagistes dans les aéroports», souligne le dirigeant. Avant de tacler l’ancien locataire du 10 Downing Street : «Et s’il y avait un peu d’honnêteté du gouvernement Johnson, ils admettraient que le Brexit a été un désastre pour la libre circulation des travailleurs et que l’une des principales difficultés qu’affronte l’économie britannique actuellement, c’est le manque de travailleurs».