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Libération
Le coup de la panne

Trafic à l’arrêt gare de l’Est : «Comment Libé peut-il être mieux informé que la SNCF ?»

Sauf quelques exceptions, la SNCF a interrompu le trafic des TGV, TER et Transiliens «pour toute la journée» de mardi. Cette pagaille inédite, provoquée par un «incendie volontaire» sur un poste d’aiguillage, pourrait se poursuivre mercredi. Entre résignation et solutions de repli, les voyageurs hésitent.
Des passagers à la recherche d'un train et d'informations dans la gare de l'Est mardi 24 janvier 2023. (Thomas Samson/Nur. AFP)
publié le 24 janvier 2023 à 13h17

Etudiants, professionnels ou vacanciers, ils se voyaient déjà à Strasbourg pour suivre une conférence sur l’urbanisme ou une formation de pharmacovigilance. Ou bien en Suisse pour se lancer dans un road-trip avec des amis. Mais ça ne sera pas pour aujourd’hui. Ou alors il faudra y aller autrement qu’en train. La SNCF a en effet suspendu mardi le trafic depuis et vers la gare de l’Est pour toute la journée de mardi, bloquant des milliers de voyageurs à Paris et vissant autant de paires d’yeux aux panneaux d’information.

La raison ? Un feu dans un poste d’aiguillage qui a provoqué une gigantesque panne électrique et une suspension du trafic depuis 5 heures du matin. La SNCF tablait dans un premier temps sur une reprise de celui-ci à 10 heures, dénonçant un «acte de malveillance» et «incendie volontaire sur des câbles électriques» en Seine-et-Marne. A priori, la circulation pourrait même être perturbée toute la journée de mercredi.

Cette communication officielle a du mal à ruisseler parmi les voyageurs. A 10h15, aucune annonce sonore n’était venue signaler à ceux qui attendent dans les grands halls glacés que leur train était annulé définitivement. Ce qui a le don d’énerver Bruno, cheveux blancs et épaules larges : «Il n’y a aucune annonce de la régie sur mon train alors que j’ai pu lire sur Libé que le trafic était annulé pour la journée. Ça n’a aucun sens. Comment peuvent-ils être mieux informés que la SNCF ?» L’homme, qui travaille dans l’édition, devait se rendre à Strasbourg pour un rendez-vous professionnel : «J’attends encore dix minutes puis je rentre chez moi.»

Les gilets rouges débordés

Quelques TGV ont pu être déviés vers la gare du Nord, dont un à destination de la capitale du Bas-Rhin. Hors de question d’y prendre place pour Marie et Anne-Sophie, deux pharmaciennes qui étaient attendues à Strasbourg pour une réunion. «Le train va être blindé», cingle la première. Sa collègue temporise : «On connaît bien la SNCF, ce genre de problème ça arrive souvent. Heureusement qu’on peut a un plan B avec la réunion à distance.»

Le long couloir principal de la gare se désemplit au rythme des va-et-vient incessants de valises à roulettes. Alors qu’il était difficile de se frayer un chemin en milieu de matinée, il ne restait vers 11 heures que quelques dizaines d’irréductibles bravant le froid, congelés devant les deux panneaux d’affichage. C’est dans les sandwicheries et cafés de la gare que les vagabonds du jour ont posé bagages, à la recherche d’un coin où se réchauffer.

A quelques mètres, c’est un groupe de 80 personnes qui se trouve bloqué à quai. Des étudiants en master d’urbanisme à Sciences-Po Paris devaient se rendre pour trois jours à Nancy dans le cadre d’un voyage scolaire. «On est arrivés ce matin, on a vu affiché une heure de retard mais à chaque fois, le temps est rallongé», ironise Romain, 23 ans, cheveux mi-longs qui retombent de part et d’autre de son visage. Un petit vent d’agitation souffle sur le groupe : il est question d’embarquer à partir de la gare de Nord. «Au moins, on ne se sera pas levé pour rien», lâche l’un d’eux.

La matinée est agitée pour les agents SNCF, reconnaissables à leur gilet rouge, qui doivent répondre à toutes les sollicitations sur les trains annulés ou les parcours alternatifs. Mais eux aussi semblent être pris de court, aiguillant tantôt vers un autre collègue tantôt vers les stations de métro et RER.

Pour Marie-France, la journée semble compromise. Sans aller jusqu’en Alsace, cette psychologue devait prendre le TER, direction Meaux (Seine-et-Marne) afin d’animer deux sessions de formation auprès d’éducateurs spécialisés. «Même si le trafic reprenait, je ne serais pas sûre d’y être pour l’après-midi, lâche-t-elle d’un ton las avant de rentrer chez elle. J’ai perdu une journée de travail.»