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Transports

«RER métropolitains» : à Strasbourg, le Reme devient réalité

La ville lance le 11 décembre un réseau express la reliant au reste du Bas-Rhin. Première à le faire en dehors de Paris, elle veut s’ériger en modèle pour le reste des métropoles françaises.
La gare de Strasbourg en 2009. (Christophe Recoura/Fotoreso)
par Ophélie Gobinet, correspondante à Strasbourg
publié le 28 novembre 2022 à 21h04

A Strasbourg, l’annonce d’Emmanuel Macron de développer des «RER métropolitains» calqués sur le modèle parisien, arrive, pour les responsables politiques locaux avec un train de retard. Car dans la capitale alsacienne, l’idée de développer un réseau sur le modèle de celui de l’Ile-de-France pour pousser les habitants à lâcher leur voiture fait son chemin depuis un bon moment.

«A l’annonce du président de la République, ma première réaction a été de me dire enfin !» sourit Alain Jund, vice-président (Europe Ecologie-les Verts) de l’Eurométropole chargé des mobilités et des transports. L’élu a réagi dès lundi matin en invitant le chef de l’Etat au lancement du Réseau express métropolitain européen (Reme), qui doit entrer en service le 11 décembre. Le premier du genre en France, en dehors de Paris et sa banlieue.

«Il y a nécessité d’investir»

Avec des amplitudes de services étendus de 5 heures du matin et à 22 heures, un cadencement à la demi-heure, une augmentation des fréquences de TER le week-end, ce sont au total six lignes qui formeront le futur RER alsacien. «Plus de 800 trains supplémentaires sur une semaine complète !» par rapport au service annuel 2022, se félicite Jund. Dès janvier, le Reme doit s’étendre avec 67 trains supplémentaires. Au mois d’août, ce sera 192 de plus.

Mis sur la table au printemps 2021, ce projet est entièrement et uniquement financé par l’Eurométropole de Strasbourg et la région Grand-Est à hauteur de 14,5 millions d’euros chaque année. L’occasion pour l’élu d’inviter l’Etat à prendre aussi ses responsabilités financières : «Dans dix ans, quand il faudra franchir une nouvelle étape, augmenter le cadencement, développer aussi le réseau des cars interurbains pour que les territoires où il n’y a pas de trains soient au même niveau que les autres, c’est là que l’Etat devra intervenir, fait valoir l’écolo. On est à un moment où l’essence coûte 2 euros le litre. Il y a nécessité d’investir, si on ne veut pas créer de disparités, notamment pour les personnes qui viennent de loin et qui doivent pouvoir continuer de se déplacer pour travailler ou étudier.»

Densification des transports en commun

Dans une tribune parue dans le Monde en octobre, les présidents de régions appelaient déjà à la mise en place d’un New Deal du train, un «investissement massif sur tout le ferroviaire en France». Interrogé sur France Info lundi matin, Jean Rottner, président LR de la région Grand-Est, a rappelé pour sa part que le pays devait «rattraper son retard» en matière d’infrastructures, en ne misant pas uniquement sur le réseau ferré. «C’est le moment de profiter des expériences de Strasbourg de manière à faire gagner du temps à d’autres métropoles», a-t-il ajouté. Prolongement des lignes de bus et de tram, amélioration des dessertes de parking, des lignes de cars, de bus et de pistes cyclables… Le projet strasbourgeois passera aussi par une densification des transports en commun.

«Pour nous, cette annonce arrive peut-être un peu tard, mais toute aide de l’Etat est la bienvenue», indique Jund. D’autant que la prochaine étape du Reme, qui doit voir le développement des cars interurbains et du réseau jusqu’à 90 kilomètres autour de Strasbourg, ne dispose pas encore de financements. Et l’élu de faire un appel à l’Etat, «pour financer et franchir ces nouvelles étapes» : «A voir désormais comment cette annonce du Président s’accompagne d’un calendrier et d’un mode de financement.» Condition sine qua non pour que les «RER métropolitain» brandis par Macron un dimanche soir sur YouTube n’en restent pas au simple stade de l’effet de communication.