Nouveau problème sur l’une des pires lignes ferroviaires de l’Hexagone. Environ 700 passagers du train Paris-Clermont-Ferrand sont arrivés à destination ce samedi matin après un retard de plus de sept heures à la suite d’une panne de locomotive qui a bloqué leur train par une nuit de grand froid, a-t-on appris auprès de la SNCF. Un énième problème qui illustre les difficultés structurelles de la ligne Paris-Clermont, connue pour ses retards à répétition, régulièrement dénoncés par ses usagers.
Parti à 18h57 de la gare de Paris, le train Intercités 5983 est arrivé à Clermont peu après 6 heures, après une longue halte en gare de Montargis, selon la même source. Il a mis au total environ onze heures au lieu des trois heures et trente minutes prévues pour arriver à destination, accusant un retard de plus de sept heures, a précisé une porte-parole. Des «mesures commerciales exceptionnelles de dédommagement pour les clients du train» sont prévues, soit «une compensation de 200 % du prix du billet», a encore indiqué la SNCF.
A lire aussi
«Le train est tombé en panne à Nogent-sur-Vernisson (Loiret). Le conducteur a tenté de résoudre la panne mais sans succès. Une locomotive de secours a donc été envoyée de Paris», indique dans un communiqué la SNCF, confirmant une information de BFMTV. La locomotive de secours a permis de ramener le train en gare de Montargis «où des coffrets repas ont été distribués aux passagers pendant que la locomotive s’est positionnée en tête pour permettre au train de poursuivre son trajet jusqu’à Clermont-Ferrand», selon la même source.
«Ce n’est pas un fait isolé»
Pendant la nuit, la SNCF avait fait appel à la Croix-Rouge et les pompiers pour aider à «la prise en charge des clients et améliorer leur confort», assure la SNCF. Plusieurs internautes se présentant comme des passagers du train, ont évoqué une nuit éprouvante sur les réseaux sociaux. «C’est pour nous tuer ? Pas de chauffage, pas d’électricité, pas d’eau, pas à manger, pas de nouvelle», s’était plainte sur X une internaute. «Heureusement on a eu, dans une situation d’urgence, La Croix-Rouge qui est venue nous donner des couvertures de survie parce que sinon on avait extrêmement froid dans le train, a témoigné samedi sur RMCInfo un passager. Je suis complètement exténué, fatigué de ce voyage qui était juste épuisant en plus dans le froid pour une partie du voyage. J’ai hâte de pouvoir dormir et rattraper ma nuit de sommeil.»
Ce retard conséquent s’inscrit dans les problèmes chroniques dénoncés par élus et usagers, que les chiffres de la SNCF corroborent. En novembre, le Parisien révélait les pires lignes de France en termes de retard, selon les chiffres de la compagnie ferroviaire. Et avec 15,3 % de trains en retard, la ligne Paris-Clermont «trône» sur la troisième marche du podium, derrière Marseille-Bordeaux (26,6 %) et Lyon-Nantes (21 %).
A lire aussi
«Ces locomotives sont vieilles et ça amène des pannes comme celle qu’on a pu connaître», a admis la directrice d’Intercités Amandine Thomas-Commin sur TF1. «L’Etat a commandé du nouveau matériel donc ces trains […] sont en train d’être construits», a-t-elle assuré, disant comprendre «l’impatience des habitants de Clermont-Ferrand, de Nevers». «L’Etat n’a pas besoin de nous inviter à une énième réunion pour nous faire croire que la SNCF est mobilisée sur cette ligne», s’est indigné le maire de Vichy et vice-président en charge des Transports de la Région Auvergne-Rhône-Alpes, Frédéric Aguilera. «Nous savons qu’il n’y a aucune volonté d’apporter des solutions dans cette période de transition avant la livraison des nouvelles rames», a-t-il accusé. Le président de la région Aura, Laurent Wauquiez, a qualifié l’incident de «révoltant», et appelé «l’Etat et la SNCF [à] sortir de l’inertie et de leur incapacité qui sont une honte pour la France».
Même ton à gauche, avec notamment le député PCF-Nupes de l’allier Yannick Monnet : «C’est inacceptable ! Les travaux prévus sur cette ligne Paris-Clermont ne peuvent pas attendre deux ou trois ans ! Il y a urgence à les engager maintenant.» «Encore une fois la ligne Intercités Paris-Clermont fait la une des médias nationaux, fustige de son côté la députée LFI-Nupes Marianne Maximi. Ce nouveau grand retard, dans des conditions insupportables pour les voyageurs, n’est pas un fait isolé, il est le résultat d’un sous-investissement chronique de la part de l’Etat et de la SNCF.»