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Transports

SNCF : les syndicats appellent à la grève illimitée dès le 11 décembre

Après avoir posé un premier préavis fin novembre, les quatre principaux syndicats de l’entreprise de transport ferroviaire ont allumé la mèche à l’approche des fêtes de Noël, espérant faire fléchir la direction sur ses projets d’ouverture à la concurrence et de démantèlement de Fret SNCF.
Un TER en gare de Clisson, en août 2024. (MATHIEU THOMASSET/Hans Lucas. AFP)
publié le 9 novembre 2024 à 11h19
(mis à jour le 10 novembre 2024 à 12h24)

A l’approche de la fin de l’année, les syndicats de cheminot se mobilisent. Après le dépôt d’un préavis de grève du 20 au 22 novembre, un appel à la grève illimitée et reconductible toutes les 24 heures à compter du 11 décembre à 19 heures. Dans un communiqué publié samedi 9 novembre, la CGT cheminots, l’Unsa-Ferroviaire, SUD-Rail et la CFDT Cheminots ont déploré le manque «d’inflexion» de la direction dans les discussions sur le démantèlement de Fret SNCF en deux filiales distinctes et l’ouverture à la concurrence.

Un projet qualifié de «funeste» par les quatre syndicats, qui accusent la direction de la SNCF de se «réfugier derrière les décisions gouvernementales» et exigent un «moratoire» afin de réunir les parties. En faisant ainsi pression à l’approche des fêtes de Noël, les syndicats espèrent notamment inciter la direction de l’entreprise à prolonger et développer l’activité de la filiale de transports de marchandises de l’entreprise.

Fret SNCF, entreprise leader du fret ferroviaire en France, va disparaître le 1er janvier 2025 pour renaître sous la forme de deux sociétés distinctes baptisées Hexafret pour le transport de marchandise et Technis pour la maintenance des locomotives. Une séparation qui doit déboucher sur la suppression de 500 emplois, soit 10 % des effectifs.

«Dumping social à l’intérieur du groupe»

Les syndicats dénoncent plus largement dans leur communiqué une «trajectoire de morcellement et de Balkanisation du réseau». Depuis plusieurs semaines, ils pointaient du doigt «la privatisation dans les activités TER, Transilien et Intercités» ainsi que «l’éclatement de SNCF Réseau» sous l’effet de l’ouverture à la concurrence.

Mi-décembre, les premiers cheminots de SNCF Voyageurs vont être transférés dans des filiales de la SNCF, créées pour répondre aux appels d’offre TER lancés par les régions qui ont décidé d’ouvrir leur réseau ferroviaire à la concurrence. Les représentants du personnel interprètent cette évolution comme «l’acte 2 de la contre-réforme du ferroviaire de 2018», qui a transformé la SNCF en cinq sociétés anonymes pour préparer l’ouverture à la concurrence et supprimer le statut cheminot garantissant certains avantages.

Pour les syndicats, il s’agit d’une «stratégie de dumping social interne au groupe assumée, avec comme conséquence une atomisation des règles sociales dans les multiples PME du rail que la direction entend créer pour chaque lot ouvert à la concurrence».

Invité de France Info dimanche 10 novembre, le ministre délégué aux Transports François Durovray, favorable aux réformes qui hérissent les syndicats, a demandé à ce que le dialogue puisse «aboutir» : «On ne peut pas imaginer que, au moment où la France doit aller de l’avant, elle soit bloquée, et au moment où les Français veulent se retrouver, ils ne puissent pas le faire.» Interrogé sur la possibilité de recevoir la direction et les syndicats, il a ouvert la porte à une nouvelle réunion organisée par les soins du ministère.

Mise à jour à 11h30 avec davantage de contexte puis dimanche 10 novembre à 12h16 avec la réaction de François Durovray.