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Le patron de Stellantis se fait augmenter de 55 % et pourrait percevoir 36,5 millions d’euros pour 2023

Le «package» de rémunération de Carlos Tavares, directeur général du premier groupe automobile européen, cumule son salaire, une prime de performance et des attributions d’actions gratuites. Les salariés ne connaîtront pas tout à fait la même progression de leurs revenus.
Carlos Tavares au salon de l'automobile de Paris le 17 octobre 2022. (Eric Piermont/AFP)
publié le 23 février 2024 à 11h35
(mis à jour le 23 février 2024 à 16h31)

C’est à cette caractéristique que l’on reconnaît les dirigeants de très grandes entreprises. Leur rémunération est certes publique mais elle n’est confirmée que seize mois après leur premier bulletin de paie, lors de l’assemblée générale des actionnaires. Le montant des émoluments de Carlos Tavares, le directeur général du groupe automobile Stellantis est connu depuis ce vendredi matin et la publication du rapport annuel de l’entreprise. Le détail de sa rémunération figure en page 198, après force détails et explications sur ses différents composants. Une sorte de mille-feuille dont il ressort qu’il touchera immédiatement 23 millions d’euros, plus 13 supplémentaires au cours des prochaines années, s’il respecte des critères de «performance». En clair, une série d’indicateurs liés aux bénéfices du groupe ou à l’évolution du cours de Bourse. Autant de conditions qui sont la plupart du temps remplies.

Bons résultats de Stellantis

Dans la rubrique avantages divers, il est à noter que Carlos Tavares bénéficiera d’un plan de retraite sur mesure et que pour ses déplacements, il a tout loisir d’utiliser l’avion de Stellantis pour ses déplacements professionnels, mais aussi, et c’est plus surprenant, pour ses voyages privés. Dans un passé récent, Carlos Ghosn, l’ex-PDG de Renault-Nissan poursuivi par les justices japonaises et françaises, s’est vu reprocher l’utilisation du jet de l’entreprise à des fins personnelles… Ces 36,6 millions de rémunération devront être entérinés lors de l’assemblée générale des actionnaires, au mois d’avril. Ce mécanisme du «say on pay» donne sur le papier, aux actionnaires, la possibilité de contester la rémunération d’un dirigeant. Dans les faits, le faible nombre de participants à ces AG aboutit systématiquement à un vote largement favorable lorsqu’il s’agit d’apprécier combien va gagner le boss. Carlos Tavares tire avantage des bons résultats de Stellantis. En 2023, le groupe né de la fusion de Peugeot-Citroën et Fiat-Chrysler, fort de 14 marques (Opel, Jeep, Alfa Romeo…) a dégagé un bénéfice record de 18,6 milliards d’euros (+11 %) pour un chiffre d’affaires de 189,5 milliards (+6 %). A titre de comparaison, son concurrent Luca di Meo, directeur général de Renault, a perçu 4,5 millions en 2022 dont 1,3 million en actions gratuites.

Remous en interne

Les 36,5 millions que doit percevoir Carlos Tavares devraient toutefois susciter quelques remous, notamment en interne. Ils représentent une augmentation de 55 % par rapport à 2022, pas tout à fait ce qui a été proposé aux 242 000 salariés du groupe. «Les négociations annuelles obligatoires ont abouti à une hausse de 4,3 %. Nous avons eu de meilleures performances comparées à 2022 et la direction nous donne moins», regrette Benoît Vernier, délégué syndical central CFDT, qui qualifie l’écart de rémunération «d’indécent». Toutefois il ne devrait pas y avoir de mobilisation au sein de Stellantis sur ce thème, en raison notamment de la situation des sous-traitants de l’industriel. «Nous avons une prime de participation et d’intéressement de 4 100 euros cette année, ce qui n’est pas leur cas et ils travaillent dans des conditions difficiles», estime Benoît Vernier.

Mis à jour à 16h31 avec l’article de notre journaliste.