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Libération
Votation

SUV à Paris : 54,55 % des voix en faveur d’un triplement du tarif de stationnement des véhicules les plus lourds

Les possesseurs des véhicules thermiques ou électriques les plus lourds devront payer entre 12 et 18 euros de l’heure pour les garer à Paris (en dehors des résidents près de chez eux). La maire Anne Hidalgo salue «une forme de résistance».
Les voitures concernées par le vote sont les thermiques ou hybrides pesant plus de 1,6 tonne et électriques de 2 tonnes ou plus, berlines ou SUV. (Benoit Tessier/REUTERS)
publié le 4 février 2024 à 22h16
(mis à jour le 4 février 2024 à 22h41)

C’était une votation qui suscitait des réactions très polarisées. Les Parisiens étaient amenés ce dimanche 4 février à trancher sur la place des SUV dans leur ville. Dans la soirée, la mairie de Paris a annoncé que près de 54,55 % des votants se sont prononcés en faveur du triplement du tarif de stationnement pour les véhicules les plus lourds dans la capitale. Avec 5,68 % (78 000 votants sur 1,3 million d’électeurs), le taux de participation est plus faible que lors de la première votation contre les trottinettes en libre-service (7,45 %).

Après avoir noté des «clivages est-ouest très nets» dans le résultat des votes, Anne Hidalgo salue ce dimanche soir le fait que les Parisiens ont souhaité «dire qu’ils veulent limiter la place de ces véhicules dans nos rues pour des raisons de sécurité routière et de pollution». Un vote qui représente à ses yeux «une forme de résistance de Paris face à ce mouvement très préoccupant» qui existe actuellement contre les positions écologistes.

Le XVIe arrondissement, fer de lance de la défense des véhicules lourds

Si le Conseil de Paris confirme ensuite les résultats de cette votation lors de la présentation prévue en mai selon la maire de Paris, les voitures individuelles thermiques ou hybrides qui pèsent plus de 1,6 tonne et électriques de 2 tonnes ou plus, berlines ou SUV, devront payer trois fois plus cher que les véhicules moins lourds. Le tarif passerait à 12 euros de l’heure pour stationner du XIIe au XXe arrondissement, et à 18 euros de l’heure dans les onze premiers arrondissements. Et pour six heures de parking en extérieur, ce sera entre 150 et 225 euros. L’application est prévue au 1er septembre, annonce également Anne Hidalgo ce dimanche soir.

Quelques exemptions persistent malgré tout : pour le stationnement résidentiel, les personnes en situation de handicap ou encore les artisans. «Nous aurions pu choisir d’appliquer unilatéralement ce changement, explique Emmanuel Grégoire, premier adjoint à la maire. Mais nous préférons demander aux Parisiens d’arbitrer les intuitions qu’ont la maire et son exécutif.» Dans la salle des arcades de l’Hôtel de Ville, David Belliard, adjoint aux transports, a par ailleurs rejeté les accusations en illégitimité au vu du faible taux de participation. «C’était un débat compliqué, difficile, car nous parlons d’une nouvelle taxation, mais aujourd’hui 80 000 personnes se sont déplacées pour dire qu’elles étaient “pour”, a-t-il expliqué. C’est un pas vers plus d’écologie et un signal aux constructeurs pour qu’ils ne fassent plus ce genre de véhicules.»

Les résultats par arrondissement confirment les «clivages» dont a parlé Anne Hidalgo, puisque seuls les arrondissements dirigés par une mairie d’arrondissement de droite ont voté contre la proposition, hormis les Ve et IXe arrondissements. Avec un record dans le très cossu et véhiculé XVIe arrondissement : près de 82% des votants ont voté «contre», pour une participation de 6,99%, supérieure au taux sur toute la capitale. Du côté des «pour», 76,79% des électeurs du Xe arrondissement ont voté en faveur de la mesure contre les véhicules lourds, avec là aussi une participation au-dessus de la - faible - moyenne. Sans surprise, les XIe, XVIIIe, XIXe et XXe arrondissements ont également voté à plus de 70% pour la proposition de la mairie.

Impact sur les émissions de CO2, sur la pollution, les ressources énergétiques et minières, sur le prix de vente moyen des véhicules, les griefs contre les SUV et voitures épaisses sont multiples. «Plus un SUV est gros et lourd, plus la fréquence des collisions est élevée», affirme même Bettina Zahnd, responsable Recherche accidentologique et prévention chez Axa Suisse. Idem pour la mortalité des piétons en cas d’accident avec un de ces monstres d’acier.

Cette stratégie du stationnement en fonction du poids de la voiture se déploie déjà à Lyon et des réflexions ont également lieu à Bordeaux ou Grenoble. Outre-Atlantique, à Rosemont-La Petite-Patrie, arrondissement de Montréal, le poids du véhicule détermine désormais aussi le montant du stationnement résidentiel. Et même aux Etats-Unis, patrie des véhicules lourds, ce n’est pas le prix payé pour se garer qui est parfois modulé mais la taxe à l’achat d’un véhicule, notamment dans la capitale Washington.

Mise à jour dimanche à 22h30 : avec des citations d’Anne Hidalgo et le taux de participation.

Mise à jour dimanche à 23h10 : avec les résultats par arrondissement.

Mise à jour lundi à 10h30 : avec la bonne localisation de Rosemont-La Petite-Patrie.