Le gouvernement cherche à désengorger la colère. A l’orée de leur cinquième jour de mobilisation, sur fond de contestation de la nouvelle tarification des transports de malades, le ministre des Transports, Philippe Tabarot, a tenté d’éteindre l’incendie ce vendredi 23 mai sur BFM TV. «Il faut un appel au calme», a lancé l’ancien sénateur LR, qui a convié tous les acteurs du dossier à une réunion dans son ministère, samedi, en présence de François Bayrou. D’autres ministres, notamment ses collègues de la Santé et du Travail, seront-ils autour de la table ? «Je les ai tous invités», a répondu le ministre, qui estime encore que «ce service est indispensable mais […] doit être soutenable financièrement». «On ne va pas faire machine arrière», a, de son côté, affirmé la porte-parole du gouvernement Sophie Primas sur BFM TV-RMC.
Reportage
S’il n’a pas annoncé de modification du projet, la réforme ne dépendant pas de son ministère, Philippe Tabarot a toutefois promis la mise en place de «contrôles sur l’activité des VTC», autre sujet de revendication des taxis, à qui il a également concédé une lutte plus décidée contre «les stations de VTC illégale» et «contre les taxis qui pratiquent la profession et qui n’ont aucune licence». Le ministre en a profité pour annoncer qu’il avait convoqué, avec la ministre du Travail, Astrid Panosyan-Bouvet, les plateformes VTC : «Nous pourrons constater ou non s’ils ne respectent pas le droit social.»
De son côté, le ministère de l’Intérieur a demandé aux forces de l’ordre de renforcer les contrôles des véhicules avec chauffeur (VTC). Dans un télégramme envoyé jeudi notamment aux préfets, et consulté par Libération, Bruno Retailleau met en avant «les incidents récurrents» des derniers mois qui «démontrent la tension entre les taxis et les conducteurs de VTC».
Il demande que les forces de l’ordre utilisent trois nouvelles amendes forfaitaires délictuelles (AFD) en expérimentation depuis avril dans douze tribunaux, dont Rennes, Marseille, Nice, Lyon, Paris, et Lille. Juridiquement, ces amendes ne peuvent être dressées que dans les villes du ressort des douze tribunaux d’expérimentation. Le ministre souhaite que les forces de l’ordre ciblent les «grandes manifestations sensibles, telles que la Conférence des Nations unies sur l’océan», qui a lieu en juin à Nice.
«Moins de retours à vide»
La veille, l’annonce de l’organisation d’une réunion au ministère des Transports avait été un premier signe d’ouverture du gouvernement. «Je pense qu’ils ont constaté la détermination des taxis», a estimé sur franceinfo Rachid Boudjema, le président de l’Union nationale des taxis ensemble. Mais il faudra plus qu’une réunion pour convaincre la profession. Alors que le transport des malades représente 50 % du chiffre d’affaires des 40 000 taxis conventionnés par l’Assurance maladie, pouvant même monter jusqu’à 80 %, l’Assurance maladie tente de contrôler ses dépenses du transport sanitaire, qui s’élève à 6,74 milliards d’euros en 2024 dont plus de 3 milliards juste pour les taxis conventionnés.
«Nous faisons évoluer le modèle tarifaire donc cela génère des inquiétudes, c’est normal», a souligné auprès du Parisien vendredi 22 mai le directeur général de l’Assurance maladie Thomas Fatôme, qui assure que la réforme sera profitable pour une «très grande majorité» de ces professionnels. «Aujourd’hui, le forfait de prise en charge est différent d’un département à l’autre et dans certains, il n’y en a même pas, a-t-il ajouté. Demain, il sera porté à 13 euros partout et même à 28 euros dans les grandes villes pour tenir compte de la perte de temps dans les bouchons.» La réforme comprend également la fin des remboursements des retours à vide des taxis. «La très grande majorité des taxis seront gagnants avec ce nouveau modèle, car il s’appuie sur une logique de transporter davantage de patients», affirme pourtant Thomas Fatôme, qui certifie qu’elle diminuera le nombre de retours à vide et augmentera le nombre de trajets partagés.
Mise à jour à 16 h 35 avec les demandes de Bruno Retailleau.