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Du plomb dans l'aile

Taxis volants à Paris : le Conseil d’Etat annule la création d’un héliport sur la Seine, abandon de l’expérimentation pour 2024

JO Paris 2024dossier
Le gouvernement avait autorisé en juillet l’installation d’une telle plateforme pour permettre le décollage et l’atterrissage des aéronefs décarbonés de l’entreprise allemande Volocopter lors des Jeux olympiques. Mais elle n’avait jamais été exploitée, faute d’autorisation.
Un appareil Volocity (du groupe Volocopter), à Pontoise, en 2021. (Denis Allard/Libération)
publié le 18 décembre 2024 à 18h39
(mis à jour le 20 décembre 2024 à 14h25)

Les «eVTOL» ont du plomb dans l’aile. Ces taxis volants, dernière lubie futuriste qui devait accompagner l’effervescence des Jeux olympiques de Paris cet été, pourraient finalement ne jamais survoler la capitale. Le Conseil d’Etat a annulé, mercredi 18 décembre, un arrêté ministériel autorisant la création d’une base de décollage et d’atterrissage prévue à même la Seine. En ce sens, le groupe Aéroports de Paris (ADP) a reconnu ce vendredi 20 décembre que l’expérimentation des taxis volants ne verra pas le jour en 2024 et que «la barge sera démontée».

Alors que la plus haute juridiction administrative, saisie en référé, avait donné le 24 juillet dernier un feu vert provisoire à ce «vertiport» installé au niveau d’Austerlitz, elle a fini par donner raison sur le fond aux requérants, dont des associations, qui estimaient que le gouvernement aurait dû préalablement consulter l’Autorité de contrôle des nuisances aériennes (Acnusa) comme le prévoit la loi. Parmi les requérants figuraient la Ville de Paris et plusieurs associations de lutte contre les nuisances aériennes dont l’Union française contre les nuisances des aéronefs (UFCNA). Le Conseil d’Etat a en outre condamné l’Etat à verser «une somme globale de 3 000 euros à l’UFCNA et autres et une somme globale de 3 000 euros à la Ville de Paris et autre» au titre des frais de justice. Un énième revers pour ce projet contesté.

Subvention annulée

Souhaitant profiter de la vitrine qu’offraient les Jeux olympiques, le gouvernement avait autorisé la création d’une telle plateforme flottante par un arrêté, publié le 9 juillet dernier. L’idée était de démontrer la faisabilité de ce nouveau mode de transport décarboné, en vain : l’entreprise allemande Volocopter, qui fabrique le «Volocity» censé emprunter ce vertiport n’a jamais obtenu la certification de l’Agence européenne de sécurité aérienne pour pouvoir transporter des passagers sans danger. Résultat, l’aéronef à deux places n’a jamais pu être exploité commercialement, de l’aveu même d’ADP ce vendredi : «le constructeur aéronautique allemand Volocopter, partenaire du gestionnaire des aéroports de Paris sur le projet, n’obtiendra pas l’homologation de sécurité nécessaire pour voler au-dessus de Paris» avant la fin du mois. Pourtant, la plateforme avait bel et bien été construite et installée et espérait voir décoller des eVTOL d’ici décembre, date limite de l’autorisation gouvernementale.

Cette décision du Conseil d’Etat ternit les espoirs des porteurs de ce projet, évoqué depuis fin 2020, de le voir un jour aboutir. A tel point qu’en novembre dernier, la présidente de la région Île-de-France Valérie Pécresse, pourtant soutien de la première heure des taxis volants, a annulé la subvention d’un million d’euros accordée au groupe ADP pour la création de ce fameux véliport à Austerlitz. «A la suite de retards pris à différents niveaux (retard de livraison des moteurs du véhicule par un fournisseur américain, absence de certification de la Direction générale de l’aviation civile et de l’Agence européenne de la sécurité aérienne EASA), l’expérimentation n’a pas pu avoir lieu dans les conditions envisagées», avait justifié Valérie Pécresse.

@quotidienofficiel

Valérie Pécresse s’enfonce toujours plus sur les taxis volants à 1,5 million d’euros... 🚁 pecresse valeriepecresse video france titkokfrance iledefrance lol vertiport velocopter news tiktoknews chut humour #quotidien

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Jugeant pour sa part que l’«expérimentation est abandonnée» vu l’absence de certification et le retrait de la subvention, la présidente du groupe d’opposition Gauche communiste, écologiste et citoyenne Céline Malaisé, avait souligné «un revers considérable pour Valérie Pécresse et les porteurs du projet qui ont usé de leur réseau d’influence pour contourner les avis défavorables de la commission d’enquête publique en février 2024 et de l’autorité environnementale à l’automne 2023». Voyant le vent tourner, le ministère des Transports et ADP ont préféré insister ces derniers mois sur l’utilité de ces engins – dans de futures versions plus grandes – pour effectuer des évacuations sanitaires ou des transports d’organes, plutôt que de parler de «taxis volants» associés à un mode de déplacement pour les plus riches. Le groupe défendait même jusqu’à peu la possibilité de premiers vols au moment de la réouverture de la cathédrale de Notre-Dame de Paris début décembre. Sans succès.

Mis à jour ce vendredi 20 décembre avec les déclarations d’ADP qui confirment l’abandon de l’expérimentation cette année.