Les taxis manifestaient de nouveau ce lundi 19 mai en France, notamment à Paris, Pau, Lorient ou encore Bastia pour protester contre un projet de nouvelle tarification imposée par l’Assurance maladie sur les transports de malades aux chauffeurs conventionnés. «Le 19 mai, les taxis de France se mobilisent à l’appel de l’intersyndicale des fédérations professionnelles contre ce modèle de tarification et l’impunité dont bénéficient les plateformes numériques de VTC», indique la Fédération nationale du taxi (FNDT) dans un communiqué.
A lire aussi
Des rassemblements étaient prévus «un petit peu partout sur le territoire», notamment dans les agglomérations et plus particulièrement à Paris boulevard Raspail, dans le quartier des ministères, et à Pau, ville du Premier ministre François Bayrou, a indiqué à l’AFP le secrétaire fédéral de la FNDT, Dominique Buisson. A Pau «nous allons exiger des actes et puis des paroles», a expliqué Stéphane Abeilhon, porte-parole de l’Organisation syndicale des taxis de la Haute-Garonne (OST31), qui rejoindra depuis Toulouse la cité béarnaise, dont la gare et les deux artères principales seront bloquées «de facto» par la mobilisation (un millier de taxis attendus, selon lui). «Si monsieur le maire de Pau ne nous reçoit pas, ça sera monsieur le Premier ministre qui recevra nos fédérations à Paris. Il aura le choix», dit Stéphane Abeilhon.
Ils étaient une centaine ce matin à bloquer le boulevard Raspail à Paris, à grand renfort de klaxons et fumigènes. Du côté de Lorient, des taxis ont bloqué les entrées de la ville, selon Le Télégramme. Et des opérations escargot ont été menées sur le périphérique de Nantes (Loire-Atlantique), rapporte Presse Océan. A Bastia (Haute-Corse), la sortie du port de commerce a été bloquée, selon la police.
«Réunion interministérielle»
Dans la capitale, les manifestants prévoient de se retrouver chaque jour de la semaine à partir de 7 heures boulevard Raspail, qui sera pour l’occasion fermé à la circulation, avec un stand installé au carrefour avec le boulevard Saint-Germain pour faire valoir leurs revendications, a précisé la FNDT, ajoutant attendre «plus de 5 000» véhicules.
«Nous demandons une réunion interministérielle, en présence des ministres. L’Etat doit arrêter de nous mépriser, a dit Dominique Buisson. Nous dépendons de sept ministères, Transports, Intérieur, Finances, Santé… A la dernière réunion, en avril au ministère des Transports, aucun ministre n’était présent, ils avaient tous plus intéressant à faire.» Cette tarification, qui doit encore être approuvée par le gouvernement, doit entrer en vigueur le 1er octobre, selon l’Assurance maladie.
L’objectif est de contrôler la croissance de la dépense de transports sanitaires, qui s’est élevée à 6,74 milliards d’euros en 2024, dont 3,07 milliards pour les taxis conventionnés (+ 45 % depuis 2019). Les taxis seront rémunérés sur la base d’un forfait de prise en charge et d’une tarification kilométrique alignée sur le tarif fixé dans chaque département.
85 % des taxis font du transport conventionné
Le secteur se dit prêt à discuter, notamment favorable au transport partagé et à «l’optimisation des coûts». Mais il demande le gel du projet actuel, selon lui défini unilatéralement, «basé sur de la théorie en oubliant la faisabilité», ne prenant pas en compte par exemple les variations des temps de trajet, et in fine dans son application nocif pour les taxis comme les patients. Cette convention est «inacceptable tant sur le plan économique que des conditions de travail», souligne par exemple le Syndicat des taxis de Bordeaux Métropole Gironde (STBMG). Elle «menace l’équilibre déjà fragile de notre profession, en particulier en zone rurale, entraîne une baisse des tarifs, ne prend aucunement en compte les spécificités territoriales ni les réalités du terrain», énumère le Syndicat. A Bordeaux, les taxis n’assureront donc pas de transport médical vers les hôpitaux lundi, sauf pour les dialyses, a indiqué un porte-parole. En revanche, aucune opération escargot n’est prévue dans la cité girondine.
Les taxis ont manifesté à sept reprises ces derniers mois pour exprimer leur inquiétude sur ce projet. Aujourd’hui environ 85 % des taxis font du transport conventionné de malades, certains pouvant réaliser 90 % de leurs revenus par ce moyen, notamment en milieu rural, selon Dominique Buisson. Pour lui, «derrière tout ça, l’objectif est de dissuader des taxis de faire du transportant conventionnel, en bridant leurs rémunérations».
De fait la FNDT appelle à manifester aussi ce lundi contre «l’impunité» accordée aux plateformes numériques de VTC, «qui encouragent leurs chauffeurs à enfreindre les réglementations» (prise de clients sur la voie publique, etc.) et «optimisent fiscalement leurs activités en France».
Mis à jour à 13h24 avec des détails sur les manifestations de ce lundi matin.