R.A.S. Le résultat de l’enquête interne sur l’entretien des 4 700 bus de la RATP, remis à son PDG Jean Castex le 6 septembre et décrypté ce dimanche par le Parisien, conclut : «Au regard de tous les éléments recueillis, ce rapport conclut à l’absence de remise en cause de la sécurité des bus dans la réalisation des opérations de maintenance et de contrôle technique des véhicules.»
Le rapport avait été demandé par le patron de la RATP le 21 août, à la suite d’un article dans le Parisien dans lequel des chauffeurs de l’opérateur accusaient le transporteur public francilien de leur imposer des manipulations pour camoufler les signaux d’alerte des bus avant leur contrôle technique semestriel. Le but de cette opération étant d’éviter la détection d’un éventuel dysfonctionnement et l’immobilisation du bus.
D’après les témoignages récoltés, les chauffeurs se voyaient confier une valise électronique avec laquelle ils pouvaient «effacer tous les voyants signalant un souci technique sur le tableau de bord avant le passage au contrôle». Selon le quotidien parisien, «l’ordinateur de bord n’a pas le temps de rallumer les alertes» et «cette manipulation douteuse permettrait, selon les conducteurs interrogés, d’éviter une contre-visite, obligatoire si un voyant était allumé lors du contrôle technique».
La RATP reconnaît dans son rapport que les machinistes pouvaient être amenés à utiliser ces valises électroniques «fournies par les constructeurs» pour intervenir sur les témoins d’alerte des bus avant le contrôle technique «dans un seul cas très spécifique», raconte Le Parisien : «pour éteindre le voyant antipollution, qui peut avoir tendance à s’allumer de façon intempestive lorsque les bus sont acheminés vers les centres techniques de grande couronne à une vitesse inhabituelle pour des bus urbains.»
Immobilisations coûteuses
La méthode éviterait des immobilisations coûteuses et une moindre disponibilité de la flotte, synonyme de potentielles pénalités pour le transporteur public, affirmait le quotidien, qui assurait avoir «pu constater l’opération par lui-même» en juin et juillet devant un centre de contrôle du Val-d’Oise accueillant des bus circulant dans Paris intra-muros.
La RATP déclarait alors qu’un «voyant orange de tableau de bord n’est pas bloquant en termes de sécurité pour la conduite du véhicule, seul le voyant rouge l’est» et reconnaissait que la «valise de diagnostic» permet «de remettre à zéro les valeurs de mesure». «Mais lorsque le bus est mis sous tension lors du contrôle technique, en cas de dysfonctionnement majeur, le défaut apparaît de nouveau».
Dans leur enquête, les auteurs, le délégué général à la sécurité des transports de la RATP et le directeur du département réseaux de surface (bus et tramway) de l’entreprise, établissent que «le défaut acquitté (le terme technique pour l’extinction d’un voyant) restera présent dans l’historique du véhicule. Lors du contrôle technique, l’opacité des fumées est systématiquement mesurée. L’acquittement de voyants sur le tableau ne peut en aucun cas masquer les remontées d’anomalie d’un défaut toujours présent».