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Libération
Grosse frayeur

Un crash d’avions évité «à trois mètres près» : que s’est-il passé à l’aéroport de Nice dimanche soir ?

Peu après 23 h 30 dimanche, un appareil de la compagnie Nouvelair, sur le point d’atterrir, a frôlé sur une piste un appareil de la compagnie Easyjet s’y trouvait déjà. Deux enquêtes ont été ouvertes.

Selon le quotidien régional Var Matin qui cite les premiers éléments de l’enquête, «le brouillard aurait joué un rôle majeur dans cet incident». (Laetitia Notarianni/Hans Lucas / AFP)
Publié le 22/09/2025 à 18h30, mis à jour le 23/09/2025 à 15h21

De très fortes vibrations et un «énorme bruit». Dimanche soir, sur le tarmac de l’aéroport de Nice (Alpes-Maritimes) plongé dans un épais brouillard, une collision entre deux avions a été évitée «de justesse», a annoncé lundi le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA). Un «incident grave» qui s’explique par une erreur dans le choix de la piste d’atterrissage.

Libé fait le point sur ce crash évité à quelques mètres près.

Que s’est-il passé sur le tarmac de l’aéroport de Nice ?

Dimanche, peu après 23 h 30, un avion de la compagnie Nouvelair en provenance de la Tunisie entame sa phase d’atterrissage sur le tarmac de l’aéroport de Nice. Mais quelques secondes plus tard, l’appareil frôle un autre avion au sol, de la compagnie Easyjet, qui, lui, se trouvait déjà sur le bout de la piste et prêt à s’élancer. Son envol vers Nantes avait été retardé de plus de deux heures en raison des mauvaises conditions météorologiques. Un brouillard épais enveloppait à ce même moment la région.

Selon le Bureau d’enquêtes et d’analyses pour la sécurité de l’aviation civile (BEA), qui vient confirmer une information de Var Matin, l’avion en phase d’atterrissage de la compagnie Nouvelair remet alors les gaz pour stopper sa manœuvre. Le drame est évité de peu. Un «incident grave» selon le BEA, car l’avion n’allait pas se poser sur la bonne piste. Les deux avions sont des Airbus A320.

«Hier, un important incident s’est produit à l’aéroport de Nice-Côte d’Azur, où une collision impliquant deux appareils des compagnies Nouvelair et EasyJet a été évitée de justesse», a confirmé sur X Philippe Tabarot, ministre des Transports démissionnaire.

Sous le choc, les pilotes du vol EasyJet refusent ensuite de reprendre les commandes de l’appareil. L’avion ne décolle pas du tarmac, et les passagers sont finalement pris en charge au milieu de la nuit. Ils s’envoleront finalement vers Nantes le lendemain.

Comment ont réagi les passagers ?

Sur France Info ce mardi matin, un passager de l’avion Easyjet à destination de Nantes, William, raconte la scène : «On a senti l’avion qui vibrait vraiment. Le pilote est sorti de la cabine, il avait la main qui tremblait et nous a dit : “on vient d’éviter un crash d’avion”.»

«On a entendu un énorme bruit dans la cabine et ressenti de fortes vibrations. L’avion de Nouvelair est passé au-dessus de nous, à environ 3 mètres selon les pilotes», a pour sa part confié un autre passager du vol Easyjet à destination de Nantes à nos confrères de Nice Matin. Et de poursuivre : «Après cet événement, on pensait que l’avion repartait pour une autre manœuvre, mais en réalité le commandant de bord est revenu au parking, visiblement très bouleversé […]. Il était en larmes, disant qu’il était choqué et qu’il ne pouvait pas repartir dans ces conditions.»

Ce témoin, qui rapporte des échanges radios entendus à bord de l’appareil, l’avion de Nouvelair se serait trompé de piste à l’atterrissage, entrant sur la 04R au lieu de la 04L.

«On a senti un souffle au-dessus de l’avion. Mon épouse, qui était à la fenêtre, a vu un avion passer au ras de notre tête», témoigne encore un autre passager du vol Easyjet au micro de RMC. «Une erreur ? Une consigne pas respectée ? On ne sait pas», s’interroge-t-il, comme tous les autres témoins de la scène.

Quelles hypothèses ?

Quatre enquêteurs du BEA ont été dépêchés sur les lieux, a précisé l’organisme, qui a demandé dès dimanche soir la mobilisation des avions pour récupérer les boîtes noires. Les enquêteurs seront par ailleurs chargés de recueillir les témoignages des équipages et du contrôle aérien pour déterminer les circonstances de l’incident. Une enquête a également été ouverte par la direction générale de l’aviation civile (DGAC).

Sur le plan judiciaire, une autre enquête a été ouverte pour « mise en danger de la vie d’autrui », confiée à la Brigade de gendarmerie des transports aériens.

Plusieurs pistes seront notamment exploitées par les enquêteurs : une erreur du pilote, une mauvaise communication avec la tour de contrôle ou encore une météo défavorable. D’après BFMTV, la publication d’un rapport d’enquête est ainsi attendue dans les prochains mois.

Mais d’après le quotidien régional Var Matin, qui cite les premiers éléments de l’enquête, «le brouillard aurait joué un rôle majeur dans cet incident». De mauvaises conditions météorologiques et une mauvaise visibilité auraient compliqué l’atterrissage du vol Nouvelair. De son côté, le commandant du vol easyJet aurait lui aussi assuré que la tour de contrôle n’était pas en cause, écrit Le Figaro.

Mise à jour mardi 23 septembre à 15h18, avec l’annonce de l’ouverture d’une enquête