Vol Iberia 3406 en provenance de Madrid, vendredi 5 février. Trois filles mineures débarquent à l’aéroport d’Orly en possession de passeports guinéens. Au contrôle effectué à la police des frontières, les agents tiquent à la lecture de leurs pièces d’identité et des faibles ressources dont elles font état : 100 euros pour trois. Un contrôle plus détaillé est engagé. Deux des passagères retrouvent dès le lendemain leurs mères respectives. En revanche, pour la troisième, Jordana (1), 11 ans, la situation va se compliquer. Sa mère réside loin de Paris et lorsqu’elle se présente à l’aéroport, les policiers ne sont pas convaincus par la copie de l’acte de naissance qu’elle présente pour justifier de sa qualité de parent. Le tribunal judiciaire de Créteil est saisi. Le juge des libertés et de la détention décide de placer Jordana, dont il s’avérera qu’elle n’est pas guinéenne mais camerounaise, en zone d’attente pour une durée de huit jours. Pendant ce temps, le parquet chargé des mineurs nomme une administratrice ad hoc dont la mission est de veiller aux intérêts de Jordana. Commence alors une séquence difficile pour l’enfant.
De 7h30 du matin à 21 heures, elle est placée en zone d’attente de l’aéroport. L’espace dévolu aux mineurs non accompagnés, les «MNA» en langage judiciaire, n’excède pas 6 m², selon deux témoignages recueillis par Libération. Jordana passe douze heures par jour à regarder le temps passer et… l’unique télévision de la salle. Elle peut prendre l’air dan