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Libération
Reportage

Zones à faibles émissions : «Tu viens me dire que ma voiture ne pourra plus circuler ?»

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En 2023, une nouvelle série de vieux véhicules, jugés polluants, sera interdite de circulation dans plusieurs métropoles, dont le Grand Paris. Un système qui pénalisera avant tout les conducteurs modestes dont beaucoup ignorent encore l’échéance et qui porte les ingrédients d’un mouvement de contestation.
Sur le parking du centre commercial de Rosny 2 (Seine-Saint-Denis), le 23 octobre. Selon l’Insee, en 2019, 38 % des ménages les plus pauvres – contre 10 % des plus aisés – possèdent un véhicule classé Crit’Air 4 ou 5. (Denis Allard/Libération)
publié le 23 octobre 2022 à 19h43

Il tourne autour de sa voiture. Elle est garée sur le parking du centre commercial de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). La petite Citroën est noire ; elle brille. Guy roule avec elle depuis huit ans. Une petite annonce et une évidence. Depuis, il la bichonne. La petite Citroën a le droit à un coup d’eau une à deux fois par mois. Le retraité en parle avec une voix tendre : «Je la sors peu, quelques fois par semaine pour faire des courses comme aujourd’hui, ou lorsque je dois récupérer mes petits-enfants qui ne vivent pas très loin à l’école.» Il a toujours aimé les «bagnoles». L’ancien ouvrier raconte ses premiers grands trajets et ses premières voitures à la fin des Trente Glorieuses. Sa petite Citroën est à l’image de son train de vie, dit-il en souriant. On lui parle de zone à faibles émissions (ZFE), mais il ne comprend pas vraiment. Il se «permet» une question : «Comment ça, je ne pourrais plus rouler avec ma voiture ?» Sa voiture, née en 2009, est dans la catégorie Crit’Air 3 (moteurs diesel d’avant 2011, essence d’avant 2006). Des chiffres qui lui font retirer sa casquette. On se «permet» de lui retourner une question : «Vous ne saviez pas que votre voiture ne pourra plus circuler dans plusieurs villes du Grand Paris au plus tard à la fin de l’an