Il tourne autour de sa voiture. Elle est garée sur le parking du centre commercial de Rosny-sous-Bois (Seine-Saint-Denis). La petite Citroën est noire ; elle brille. Guy roule avec elle depuis huit ans. Une petite annonce et une évidence. Depuis, il la bichonne. La petite Citroën a le droit à un coup d’eau une à deux fois par mois. Le retraité en parle avec une voix tendre : «Je la sors peu, quelques fois par semaine pour faire des courses comme aujourd’hui, ou lorsque je dois récupérer mes petits-enfants qui ne vivent pas très loin à l’école.» Il a toujours aimé les «bagnoles». L’ancien ouvrier raconte ses premiers grands trajets et ses premières voitures à la fin des Trente Glorieuses. Sa petite Citroën est à l’image de son train de vie, dit-il en souriant. On lui parle de zone à faibles émissions (ZFE), mais il ne comprend pas vraiment. Il se «permet» une question : «Comment ça, je ne pourrais plus rouler avec ma voiture ?» Sa voiture, née en 2009, est dans la catégorie Crit’Air 3 (moteurs diesel d’avant 2011, essence d’avant 2006). Des chiffres qui lui font retirer sa casquette. On se «permet» de lui retourner une question : «Vous ne saviez pas que votre voiture ne pourra plus circuler dans plusieurs villes du Grand Paris au plus tard à la fin de l’an
Reportage
Zones à faibles émissions : «Tu viens me dire que ma voiture ne pourra plus circuler ?»
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Sur le parking du centre commercial de Rosny 2 (Seine-Saint-Denis), le 23 octobre. Selon l’Insee, en 2019, 38 % des ménages les plus pauvres – contre 10 % des plus aisés – possèdent un véhicule classé Crit’Air 4 ou 5. (Denis Allard/Libération)
par Rachid Laïreche
publié le 23 octobre 2022 à 19h43
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