L’affaire commence à produire quelques remous parmi les contrôleurs de la RATP en fonction dans le réseau de bus francilien. Un agent de ce service est convoqué ce vendredi 30 août à 14 heures par la direction des ressources humaines pour «un entretien préalable pour une mesure disciplinaire pouvant aller jusqu’à la révocation» selon un document consulté par Libération. Il est notamment reproché à ce salarié qui totalise vingt-deux ans d’ancienneté d’avoir témoigné, sans l’autorisation de sa direction, dans le magazine 66 minutes de M6 diffusé le 30 juin et intitulé : «Contrôleurs vont-ils trop loin ?» Face à la caméra, mais visage «flouté», il décrit notamment le système de primes attribuées aux agents proportionnellement au montant des amendes imposées ainsi que la pression de ses managers. Les contrôleurs perçoivent 10 % du montant d’une pénalité lorsqu’ils l’encaissent immédiatement dans un bus. Il existe également des primes si une équipe de contrôleurs, qui compte de 15 à 20 membres, atteint un objectif global d’amendes.
Engagement syndical
Bien que n’étant pas formellement identifiable, le salarié de la RATP a choisi de se dénoncer afin d’éviter la mise en cause de certains de ses collègues. La direction de la RATP estime qu’il a dans ses propos «porté gravement atteinte à l’image et aux valeurs de l’entreprise». L’entourage de l’agent mis en cause estime qu’on lui fait payer ses prises de position sur le management du corps des contrôleurs et son engagement syndical. Il est militant de la CGT, mais ne possède pas de mandat de représentant des salariés, ainsi que la protection qui y est associée. Elle impose, notamment, une autorisation préalable du ministère du Travail avant un licenciement.
Interrogée par Libération, la direction de la RATP confirme la tenue du conseil de discipline, mais refuse de s’exprimer sur le fond du dossier et sur les griefs retenus à l’encontre du contrôleur. Le conseil de discipline de l’entreprise publique de transports franciliens est composé de trois représentants de la direction et de trois représentants des salariés. Il peut prononcer des sanctions allant jusqu’à l’exclusion en passant par la mise à pied et dispose d’un délai d’un mois pour rendre sa décision.