Lorsque Roger Kokot a creusé il y a quinze ans une piscine dans son jardin, il ne se doutait pas qu’il ferait un jour ses longueurs sous le logo souriant d’Amazon. En façade du nouvel entrepôt, situé à 250 mètres de sa maison, le sigle et le nom de l’entreprise sont pourtant là désormais, à portée d’yeux, énormes et triomphants, visibles depuis la terrasse, la cuisine, le salon de ce serrurier à la retraite. «La nuit, ça éclaire de partout, ça m’a réveillé ce matin, constate ce vieil habitant d’Augny, qui a pris un avocat pour faire valoir ses droits. Il y a des lampadaires de 12 mètres. Mais notre peur, c’est la circulation des camions. On va être cernés.» Son épouse Patricia s’inquiète de voir le bâtiment encore plus omniprésent quand les feuilles de ses arbres tomberont à l’automne : «C’est triste, c’est désolant.» Faut-il partir alors, déménager loin d’ici ? Ce serait plus facile si le couple n’avait passé sa vie à cet endroit. «Mes parents étaient là avant moi. C’était une cabane. J’ai tout refait», dit Roger Kokot pour expliquer son envie de rester.
Dans la nuit de lundi à mardi, Amazon expédiera ses premiers colis depuis ce village de Moselle, 2 000 habitants, en périphérie de Metz. Le géant américain de la distribution, qui poursuit à grande vitesse son implantation en