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A jeter

Une association tacle l’obsolescence programmée dans l’automobile, notamment électrique

Dans un rapport, Halte à l’obsolescence programmée (HOP) pointe plusieurs écueils dans la façon dont sont conçues et fabriquées les voitures électriques, de plus en plus difficiles à réparer.
Les voitures électriques sont difficiles à réparer, on en change donc plus souvent. (Mathieu Thomasset/Hans Lucas. AFP)
publié le 17 avril 2024 à 15h12

Réglementations durcies, montée en puissance du numérique et véhicules plus difficiles à réparer : après les téléphones, une association pointe du doigt mercredi le risque croissant d’obsolescence programmée dans l’automobile. Dans un rapport, Halte à l’obsolescence programmée (HOP) appelle les pouvoirs publics à prendre des mesures pour enrayer cette tendance potentiellement coûteuse pour le consommateur et néfaste pour l’environnement, en instaurant notamment un «indice de réparabilité» des véhicules.

La première cause d’obsolescence des voitures provient paradoxalement d’une volonté de les rendre moins polluantes. Certaines villes comme Paris ont interdit l’entrée des voitures les plus anciennes, poussant «de nombreux automobilistes à se séparer d’anciens véhicules thermiques encore fonctionnels [mais polluants]», ce qui «représente un risque d’exclusion de certaines populations», remarque HOP en introduction.

Mais alors que le modèle économique actuel de l’achat et de l’entretien des automobiles est bien «huilé», gage d’une «longue vie en bonne santé» pour de nombreux véhicules, l’irruption des voitures électriques risque de le mettre à mal, met en garde l’association, qui s’interroge sur la fiabilité à long terme des batteries et à leur réparabilité. Certaines s’avèrent être assemblées d’une telle façon qu’elles ne sont pas démontables, d’où le risque se séparer de sa voiture quand seules les batteries sont HS alors que celles-ci représentent «entre 30 et 40 % de la valeur du véhicule».

Cauchemar d’assureur et d’assuré

Autre tendance qui inquiète Halte à l’obsolescence programmée : la production de nouveaux modèles en usine au moyen de très grandes pièces moulées au lieu d’un assemblage de dizaines de tôles. Source d’économies et de légèreté pour les constructeurs, ces éléments peuvent se transformer en cauchemar d’assureur et d’assuré : «Au moindre choc, il faudra remplacer une partie si importante de la voiture qu’il sera probablement plus rentable de la mettre à la casse en cas de choc», craint l’association.

Celle-ci, qui a obtenu fin 2022 l’ouverture d’une enquête par le parquet de Paris contre Apple pour avoir rendu difficile la réparation de ses smartphones avec des pièces génériques, fait valoir que le même problème se pose dans les véhicules actuels dotés de puces électroniques refusant des «greffes» de pièces non montées en usine. HOP évoque aussi le risque d’obsolescence logicielle de véhicules très fortement numérisés.

Outre «un indice de réparabilité» des véhicules, l’association souhaiterait la création de «normes de durabilité et réparabilité des batteries en Europe», voire une garantie décennale des accumulateurs, ainsi que la levée des obstacles à l’usage de pièces de réemploi.