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Covid-19

Vaccin à ARN messager : Sanofi met le paquet

La pandémie de Covid-19 en Francedossier
Le groupe français a annoncé ce mardi le rachat de l’américain Translate Bio, spécialiste de la technologie que l’on retrouve dans les vaccins Pfizer et Moderna.
Dans un laboratoire de Sanofi à Val-de-Reuil (Eure), le 10 juillet 2020. (Joel Saget/AFP)
publié le 3 août 2021 à 18h11

Depuis le début de la pandémie, tout le monde court après l’ARN messager. Sanofi ne fait pas exception. Pour mettre un coup d’accélérateur, le géant pharmaceutique français vient d’acquérir un spécialiste américain, Translate Bio, pour une opération qui devrait coûter 3,2 milliards de dollars, soit 2,7 milliards d’euros.

Translate Bio se trouve sur le même créneau que l’autre américain, Moderna, ainsi que l’allemand BioNTech. Ces derniers ont été parmi les premiers vaccins à être autorisés contre le Covid-19 et sont, pour l’heure, les plus efficaces. Sanofi, pour sa part, n’a pas encore commercialisé le sien.

«Explorer toutes les possibilités»

Cette prise totale de contrôle «permettra d’exploiter toutes les possibilités offertes par l’ARN messager», a expliqué ce mardi dans le communiqué le directeur général de Sanofi, Paul Hudson, et ainsi tenter de rattraper ses concurrents. Il y a quelques semaines, un vaste programme d’investissements dans l’ARN messager, à hauteur de 2 milliards d’euros d’ici à 2025, avait déjà été annoncé, avec le lancement d’un centre de recherche dédié aux vaccins à ARNm.

De fait, Translate Bio et Sanofi travaillent déjà ensemble depuis 2018. Un des deux essais cliniques de vaccin à ARNm est encore en phase I-II et concerne le Covid. Les résultats sont attendus au troisième trimestre 2021. Le deuxième essai, aussi en phase I, porte sur un vaccin contre la grippe saisonnière, dont les résultats sont prévus au quatrième trimestre de 2021.

Répondre aux critiques

Car Sanofi le soutient : l’ARN messager est une technologie prometteuse pour «le développement de vaccins et d’agents thérapeutiques», dépassant la lutte contre le coronavirus. Auparavant considérée comme un pari incertain, l’ARN messager connaît un développement fulgurant avec la pandémie.

Contrairement à un vaccin classique, qui utilise une version affaiblie ou neutralisée d’un virus, cette technologie introduit directement dans les cellules une séquence de génome pour qu’elle génère les anticorps destinés à reconnaître le virus et l’éliminer. Selon les concurrents de Sanofi, pionniers de l’ARNm, elle pourrait permettre de lutter contre la malaria (projet de vaccin BioNTech en cours) ou encore de répondre à différentes maladies, comme le sida mais aussi plusieurs types de cancer.

En parallèle, Sanofi promet de mettre en décembre sur le marché un premier vaccin contre le Covid-19, un projet distinct de sa collaboration avec Translate Bio et qui n’est pas basé sur l’ARN messager. Le groupe répond ainsi à des critiques en matière d’innovation, notamment de responsables politiques français qui lui reprochent de n’avoir pas été en mesure de développer un vaccin anti-Covid-19 aussi vite que d’autres groupes. Le géant, ainsi que nombre d’observateurs du monde pharmaceutique, a toutefois souligné que ces délais restaient extraordinairement rapides par rapport aux nombreuses années habituellement nécessaires pour développer un vaccin.