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Valdunes : le tribunal de commerce valide la reprise par Europlasma avec le soutien de l’Etat

La justice a acté ce mercredi 20 mars la reprise des deux sites du dernier fabricant français de roues de trains par le groupe industriel français. Quelque 131 emplois devraient quand même être supprimés.
Devant l'usine de Valdunes à Valenciennes, le 10 mars 2022. (Hugo Clarence Janody/ Hans Lucas pour Libération)
publié le 20 mars 2024 à 9h24

Le tribunal de commerce de Lille a validé ce mercredi 20 mars la reprise de Valdunes, dernier fabricant français de roues de trains, par le groupe Europlasma, annoncent les syndicats et la direction. «La proposition de reprise par Europlasma est acceptée avec une entrée en jouissance le 21 mars», a déclaré Guillaume Ferrand, représentant de la direction de Valdunes, à la sortie de l’audience. L’information a été confirmée par les syndicats.

Après l’annonce en mai 2023 du désengagement de l’actionnaire chinois MA Steel. Une seule offre, au final, avait été formulée, celle d’Europlasma, un groupe bâti autour de la valorisation des déchets, qui a repris ces dernières années plusieurs entreprises en difficulté. Elle devait aboutir à 131 licenciements sur les 309 salariés des deux sites de Valdunes : la forge de Leffrinckoucke dans le Dunkerquois et l’usine de Trith-Saint-Léger dans le Valenciennois.

Il s’agit d’une opération périlleuse, mais à haute valeur symbolique pour le gouvernement, qui va mettre la main au portefeuille. Le président Emmanuel Macron s’était en personne engagé à «se battre jusqu’au dernier quart d’heure pour Valdunes», érigé en emblème de la souveraineté industrielle française

Une telle opération serait impossible sans le soutien du gouvernement, très impliqué dans le dossier, Europlasma présentant un chiffre d’affaires de seulement 14,5 millions d’euros contre 68,4 millions pour le fabricant historique de roues et d’essieux de trains, métros et tramways. Selon Bercy, Europlasma apportera 15 millions d’euros de fonds propres sur trois ans, l’Etat jusqu’à 15 millions sous forme de prêt et les collectivités locales jusqu’à 4 millions de financement du foncier et un million de subventions.

«Il faut vraiment que l’Etat soit là pour surveiller les investissements»

«Ce qui est important, ce n’est pas de savoir si David rachète Goliath, c’est de savoir si on est capable d’apporter quelque chose de suffisamment structurant pour que Goliath redevienne Goliath», avait expliqué le PDG d’Europlasma, Jérôme Garnache, à la sortie d’une audience devant le tribunal de commerce fin février. «Si on n’avait pas cette certitude d’être capable de le faire, on n’en serait pas là», avait-il insisté, avant de reconnaître que «le retournement de Valdunes [devait] être très rapide» parce qu’Europlasma n’est pas à même de supporter «10-12 millions de déficit chaque année».

Le groupe entend «transformer le modèle économique» de Valdunes pour «produire, à partir d’acier vert et d’énergie verte, des roues vertes».

«Il faut vraiment que l’Etat soit là pour surveiller les investissements», avait prévenu le secrétaire CGT du CSE de Valdunes, Maxime Savaux, avant la validation de la reprise par le tribunal de commerce. «Si ça se passe comme aux Forges de Tarbes [rachetées en 2021 par Europlasma, NDLR], où ils ont promis des investissements et ils ne les font apparemment pas, ça va être compliqué, mais il faut aussi laisser sa chance à Europlasma», avait-il ajouté.

«Avant les Chinois, c’était les Allemands : cette entreprise s’est fait piller, siphonner, pour en arriver à la situation d’aujourd’hui où on aurait un soi-disant bienfaiteur», s’était pour sa part agacé le responsable de la CGT Métallurgie du Nord-Pas-de-Calais, Ludovic Bouvier, soulignant qu’Europlasma va toucher «plus que son chiffre d’affaires en subventions», tandis que 131 salariés vont rester sur le carreau. La CGT avait appelé de ses vœux à la reprise de Valdunes par Alstom, si besoin au sein d’un consortium l’associant à la SNCF et à la RATP, une solution rejetée par Bercy.