Pour un profane, le chiffre paru vendredi pouvait sembler sans gravité : le taux de chômage américain en juillet a augmenté à 4,3 % contre 4,1 %, son record depuis octobre 2021. Sauf que c’est exactement ce que craignaient les pessimistes. L’annonce a déclenché un vent de frayeur qui s’est propagé sur les Bourses mondiales, de Wall Street vendredi à l’Asie et l’Europe lundi, puis de nouveau à Wall Street. La Bourse de Tokyo a plongé de 12 % en une journée, quasiment du jamais vu. A New York comme à Paris, depuis cinq jours, la chute est de 4 à 5 %, avec des décrochages de plus de 10 % pour des valeurs stars comme le fabricant de puces Nvidia. De quoi alimenter la crainte du pire : que le scénario rose qui prévalait jusqu’ici, celui d’une croissance sans inflation, ne soit qu’un mirage qui cache le début d’une récession mondiale. Rien de moins. A Paris, où l’atmosphère est déjà alourdie par les incertitudes sur la politique du futur gouvernement, le CAC 40 est passé de 8000 points avant la dissolution du 9 juin à 7100 points vendredi, son niveau de novembre 2023.
«Le scénario Goldilocks»
Pour comprendre ce brusque retournement de perspective, il faut se pencher sur le contexte des mois précédents. L’Europe en croissance molle et la demande chinoise en berne étaient contrebalancées par une croissance toujours dynamique au