Quel est le principe de Wero ?
Il ne faudra plus que dix secondes pour réaliser un virement. Instantané et gratuit. Fini de recopier laborieusement un Iban, le nom du destinataire et l’attente de quarante-huit heures avant d’envoyer ou de recevoir de l’argent. Les clients des banques françaises pourront à tout moment se rembourser entre particuliers via un numéro de téléphone, une adresse mail ou un QR code.
Certains utilisateurs sont déjà familiarisés à cet usage. Avant de passer à l’étape supérieure : régler instantanément un achat sur Internet ou alors directement auprès de commerçants de proximité ou de professionnels de santé, par exemple. Selon European Payments Initiative (EPI) qui assure le développement du projet, d’autres services tels que les achats en plusieurs fois en ligne seront également concernés. Il sera possible bientôt, via Wero (prononcer «ouiro») de partager une dépense à plusieurs, de suivre ou de souscrire à un programme de fidélité chez un commerçant. Cette collaboration européenne est à l’origine du choix du nom du service. Selon la PDG de l’EPI, Martina Weimert, «we» («nous» en anglais) évoque l’aspect collectif du projet et «ro», l’«euro». Elle a aussi insisté sur la proximité de «wero» avec «vero» qui signifie vrai en latin.
Analyse
Ce service numérique pourrait révolutionner notre manière de consommer. Plus besoin ni de carte bancaire ni de terminal de paiement, nos téléphones suffiront pour payer par virement instantané notre consultation chez le médecin ou notre panier de légumes au marché.
Qui y a accès et sur quel support ?
Wero est déjà lancé depuis le début du mois de septembre pour les clients de la BPCE, du Crédit agricole et du Crédit mutuel. Il le sera aussi à partir du 24 octobre pour la BNP Paribas et la Société générale et du 28 octobre pour la Banque postale. Les clients du Crédit mutuel de Bretagne et du Sud-Ouest devront attendre jusqu’à janvier 2025.
Fait rare, les banques françaises ont choisi de mener un projet commun. Des cadres de tous les grands établissements tricolores étaient présents côte à côte lors d’une conférence de presse de présentation du service fin septembre à Bruxelles. Ces clients y ont accès pour l’essentiel via leurs applications bancaires. Seule la Banque postale en France orientera ses clients vers une application Wero dédiée, dont la sortie est prévue durant la deuxième quinzaine d’octobre. Une campagne de communication est prévue à cette période.
Quel est l’intérêt de ce service pour les usagers et les banques ?
L’usage du virement instantané, aujourd’hui payant chez la plupart des banques – 80 centimes à la Société générale et 1 euro à la Caisse d’épargne – ou applications de virements bancaires, se développe rapidement en France et représentait déjà l’an dernier plus de 6 % des virements, selon la Banque de France. Les établissements bancaires n’ont de toute façon d’autre choix que de généraliser ce service et de le rendre gratuit l’an prochain, réglementation européenne oblige. En contrepartie, le service Paylib, proposé par la plupart des banques françaises, disparaîtra en début d’année prochaine.
Ce projet européen dont le coût de développement est estimé à plusieurs milliards d’euros, a eu du retard à l’allumage. L’ambition et la voilure de Wero ont été revues à la baisse début 2022. Ce service bancaire initialement imaginé comme une carte physique, concurrente de Visa et Mastercard, a été abandonné au profit d’un portefeuille dématérialisé, accessible sur mobile. Aujourd’hui, les banques sont encore loin de pouvoir vivre sans les cartes bancaires qui sont très lucratives pour elles. Pour réellement s’installer, Wero devra être accepté par les commerçants, c’est là où se jouera la «vraie bataille», selon Martina Weimert. Les banques espèrent les convaincre avec des tarifs plus compétitifs que ceux pratiqués par Visa et Mastercard.