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Récit

Yvelines : au château de Grignon, l’expertise manquée, les meubles bradés et le patrimoine envolé

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En 2022, des biens retrouvés dans le grenier de l’AgroParisTech, pourtant propriétés de l’Etat, ont été cédés aux enchères à bas prix. De la vente avortée du château à la condamnation de fonctionnaires par la Cour des comptes pour «faute grave», «Libé» retrace le fil de cette affaire jugée en appel ce vendredi 26 septembre.

Le domaine de Grignon, dans les Yvelines est un site historique devenu domaine de l’Etat en 1829. (Kenzo Tribouillard/AFP)
ParDamien Dole
Journaliste - Economie
Publié le 25/09/2025 à 20h29

«Ces gens ne s’intéressent absolument pas à l’histoire de l’administration qu’ils servent. Et ils ont privé les Français du patrimoine qui leur appartient.» Trois ans après avoir révélé l’affaire, le président de l’association Sites & Monuments, Julien Lacaze, ne décolère toujours pas. Des dizaines de meubles, dont certains auraient leur place dans des musées, ont été laissées dans l’oubli dans un grenier du château de Grignon (Yvelines), avant d’être bradés et de traverser la Manche pour partie sans que l’on sache s’ils pourront, un jour, revenir en France. Quatre personnes de l’AgroParisTech et des finances publiques ont été condamnées en décembre 2024 par la Cour des comptes. L’une d’elles doit passer devant la Cour d’appel financière ce vendredi 26 septembre.

A l’origine de cette rocambolesque affaire : la vente du château et de son domaine, qui héberge l’école AgroParisTech. Un site historique, passé entre les mains de François Ier, Henri II, Diane de Poitiers ou encore Charles X, et devenu domaine de l’Etat en 1829. A la même période, la «Société royale agronomique» est créée, une fonction que le site gardera jusqu’à aujourd’hui. Dans sa volonté de se débarrasser de sites historiques dont il a la charge, l’Etat met en vente le château et ses 310 hectares en mars 2020. Et, le 30 juillet 2021, choisit l’offre de 18 millions d’euros déposée par le promoteur Altarea Cogedim. Mais l’annonce provoque un tel tollé, chez les défenseurs du patrimoine