L'homme rentre chez lui. Sur son bureau, la diode rouge de son
Minitel 12 clignote. «Tiens, j'ai du courrier», se dit-il. Il tape deux touches, lit ses lettres, y répond. Eteint son Minitel et va dîner.
Cet homme n'a plus de boîtes aux lettres à ouvrir chaque matin. Il ne connaît plus les files d'attente au bureau de tabac pour ses carnets de timbres, la course à la boîte aux lettres sous la pluie «pour que ça parte avant 19 heures», il ne suit plus les grèves de postiers comme un roman-feuilleton, et reçoit son courrier en temps réel.
Cet homme utilise son e-mail pardon, son courrier éléctronique sur Minitel.
Il n'est pas, comme un vulgaire utilisateur de l'Internet, CompuServe et autres Calvacom, obligé de perdre cinq minutes par jour pour se connecter à un réseau dans le seul but de vérifier s'il a reçu une lettre ou pas. Il consulte juste du coin de l'oeil la lampe rouge de son clavier. Et ne se connecte qu'à bon escient.
Cet homme, Messieurs et Mesdames, est connecté au 3612. Il est «inscrit Minicom»; et cela se lit d'ailleurs sur l'annuaire électronique (sauf s'il souhaite être placé en liste rouge).
Il s'est connecté, de chez lui (3612, puis connexion / fin), il a tapé son numéro de téléphone et un code. Il a attendu qu'on le rappelle automatiquement dans les trente secondes, pour vérifier son code.
Depuis, il peut à tout moment, et à partir de n'importe quel Minitel, envoyer un message à un correspondant. Ou, après s'être constitué une liste de diffusion, envoyer une