Propos derrière
l'écran: acte I Décor: derrière l'écran. Dans le sud de Paris, un petit pavillon de grande banlieue, dans une rue paisible. Sur le palier, un chat noir. Sous le toit, un grenier étroit, 15 m2. Un fouillis informatique. Treize écrans d'ordinateurs. C'est le siège de la société Pic. Sur une table, une carte de visite. «Hébergement télématique, Editions de services.» Il fait chaud.
Personnages. Deux jeunes, tout jeunes. Pierre: blond, 23 ans, avec la barbe et le catogan qu'on peut se laisser pousser quand vient l'âge de s'affirmer. On comprend peu à peu qu'il est un golden boy du petit écran gris. Gaëlle, brune, souriante, vêtue d'une grande chemise blanche. On comprend vite qu'elle est sa petite amie. Tous deux s'adressent à un troisième interlocuteur, hors champ.
Pierre: Evidemment, les autres gestionnaires de serveurs Minitel n'ont peut-être pas envie de parler. Ce business est trop rentable! (Rire.) Ici, nous sommes deux, à gérer une dizaine de serveurs. Nous avons réalisé en 1994 un chiffre d'affaires de 3,6 millions de francs. Dont 1,3 million de profit net après impôt. 36% de marge... (Fier.) Au commencement? J'ai fait un BTS d'informatique. Mais j'avais commencé à bidouiller un ordinateur à 12 ans. Un Oric Atmos. Bien sûr, cela n'existe plus. Je me suis passionné. J'ai même un peu piraté aussi. Les premiers serveurs Minitel fleurissaient. A 18 ans, un copain que j'avais aidé m'a donné son vieux logiciel. Et j'ai ouvert mon propre serveur: un truc spéci