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Libération

Vie Privée, vie cryptée. L'un, Phil Zimmermann, a inventé le logiciel de cryptage PGP, qui rend inviolables les communications sur l'Internet. L'autre, James Kallstrom, agent du FBI, revendique le droit de l'Etat à surveiller ces communications pour lutter contre la criminalité. La confidentialité est-elle dangereuse?

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publié le 23 février 1996 à 0h51

Phil Zimmermann est l'un des acteurs majeurs de l'Internet. Grâce à

lui, les communications sur le plus grand réseau du monde peuvent être protégées ­ à condition, bien sûr, que les gouvernements acceptent de se voir interdire l'accès au courrier électronique de leurs citoyens. Son logiciel de cryptage, Pretty Good Privacy (PGP, littéralement «assez bonne confidentialité»), est tellement performant que même les ordinateurs les plus intelligents, y compris ceux des centrales de renseignement des grandes puissances, ne peuvent le déchiffrer (Libération du 19 janvier). Aux Etats-Unis, PGP figure sur la liste des produits sensibles interdits à l'exportation, au même titre que les armes de pointe. Ce qui explique pourquoi Phil Zimmermann a fait l'objet d'une enquête criminelle des autorités américaines, suite à la diffusion sur l'Internet de son logiciel, rendant caduc l'interdit. Après trois ans de procédure, Washington a finalement retiré sa plainte en janvier. Mais le débat se poursuit. Avons-nous le droit de coder et de protéger nos fichiers? Pour Zimmermann, la réponse est «oui», sans hésiter: sans cryptage, on courrait le risque de voir ses communications surveillées par n'importe qui. Mais James Kallstrom, responsable des opérations de surveillance au FBI, s'oppose à son compatriote. Tout en respectant les motivations de celui-ci, il tient à ce que les autorités puissent continuer à lire tout ce qui se trouve sur l'Internet dans le cadre d'enquêtes criminelles dûment autor