Les libraires, même les plus gros, ont leurs faiblesses. Lundi
dernier, à la Fnac des Halles, à Paris, un vendeur à l'air un peu contrit avouait qu'il n'avait plus le Livre noir du communisme l'un des ouvrages dont la presse a le plus parlé ces derniers jours, best-seller potentiel, sujet des polémiques intellectuelles et politiques du moment. Le livre rare, ou un peu daté, ou même, on le voit, l'épuisé pour cause d'imprévoyance, génèrent l'irritation du lecteur qui s'est déplacé pour son achat.
L'arrivée du livre sur l'Internet lente, progressive, et pour l'instant comme marquée par la méfiance des acteurs eux-mêmes présente déjà l'avantage d'éliminer en théorie ces petits dysfonctionnements du circuit physique du livre. Les grands libraires français Le Furet du Nord, à Lille, ou la Fnac, mais aussi d'autres détaillants aux dimensions plus modestes se sont lancés timidement dans l'expérience de la vente sur le Web. Ces librairies électroniques peuvent afficher un fonds impressionnant: quelque 300 000 titres, soit à peu près l'ensemble des livres considérés comme disponibles par les éditeurs.
Mais l'effort des libraires en ligne, modeste en France, procède davantage d'une volonté d'être présent sur un type de commerce dont on ne devine pas encore l'avenir, que d'une stratégie ferme. «Nous voulons acquérir un savoir-faire», dit Pierre Souris, directeur du développement du Furet du Nord. «Mais l'Internet n'est pas au centre de notre stratégie.» Pour lui, la modestie d