Messieurs Beaumarchais, père de la protection intellectuelle, et
Soleau, créateur de la fameuse enveloppe qui, depuis un siècle, sert au dépôt des créations, doivent se retourner dans leur tombe. Il n'a pas suffi à l'Internet de devenir un moyen global de diffusion de l'oeuvre, voilà qu'il est aussi son protecteur. Qu'il soit informaticien chez Microsoft, publicitaire au service de Benetton ou ingénieur-salarié à l'usine Michelin", un créateur peut désormais utiliser l'Internet comme un coffre-fort à idées, qui lui permettra ensuite à tout moment de donner la preuve de ce qui lui appartient. Depuis le mois de septembre, sous l'oeil vigilant de l'avocat et rapporteur au Conseil d'Etat maître Nicolas Bodson, la société Protécréa, composée de juristes, d'informaticiens et de gestionnaires, propose l'archivage, anonyme ou pas, d'une invention. Les créations numérisées (compositions musicales, archives audiovisuelles, oeuvres graphiques, articles de presse, procédés scientifiques ou thèses universitaires), sont gravées sur un CD-Rom sécurisé et déposé dans un coffre à la Banque de France. 1 500 anonymes ont déjà utilisé le système, dont certains à plusieurs reprises. Protécréa révolutionne les rapports entre employeur et employé. Ce dernier peut à tout moment faire un dépôt d'idée, de concept, d'invention", à partir de son lieu de travail et à l'instant même de la découverte. Pour une trouvaille technique, il n'est plus nécessaire d'aller à l'Institut national de la protection i