Dublin, envoyé spécial.
La guerre électronique laisse aussi des traces. Carcasses d'ordinateurs, câbles emmêlés, et tombereaux de feuilles sorties de l'imprimante: le 29 janvier, les locaux du fournisseur d'accès irlandais Connect-Ireland, installés derrière la façade grisâtre d'une maisonnette dans le centre de Dublin (Irlande), portent encore les stigmates de l'intrusion de pirates informatiques dans les ordinateurs de l'entreprise. Un abordage mené dix jours plus tôt par des cyberterroristes apparemment décidés à punir cette entreprise pour son soutien affiché sur le Net à la cause indépendantiste du Timor oriental, envahi par l'Indonésie en 1975 et en proie à une guérilla depuis lors. «C'est un chantier incroyable, s'excuse Martin Maguire, le patron écossais de cette boîte de sept salariés. Ça fait une semaine que nous travaillons en nous relayant jour et nuit pour tout remettre en marche.» Les dégâts sont importants: les 3000 clients de Connect-Ireland, dont la moitié sont des entreprises, ont été privés d'accès au Net. Et Martin Maguire a dû acheter pour 150 000 F de matériel et de nouveaux logiciels afin de reprendre le travail.
Qui se cache derrière les terroristes du Net? Selon Maguire, quinqua bedonnant, militant depuis trente ans pour les droits de l'homme, les intrus ne peuvent être que des «gens soutenant l'Indonésie, voire le gouvernement indonésien lui-même». Maguire est l'un des plus actifs défenseurs de la cause timorienne sur le Web. En décembre 1997, avec l'