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Libération

Le ghetto des tortues. Le jeu simule la ségrégation dans les villes américaines.

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publié le 19 février 1999 à 23h48

Le dispositif du jeu est simple. Sur l'écran, des tortues rouges et

des tortues vertes en désordre. Un but: organiser leur habitat. Une seule contrainte: les rouges refusent d'avoir trop de vertes pour voisines. Le joueur doit fixer le niveau de préférence des tortues et décider qu'elles veulent au moins 2%, 15% ou 30% de voisines semblables à elles. Premier essai. Chacune des tortues rouges souhaite avoir au moins 2% de voisines de la même couleur qu'elle. Le joueur tape «execute». Sur l'écran, les tortues courent dans tous les sens pendant dix secondes, puis se stabilisent. Résultat? 52% de voisines semblables pour les tortues rouges. Deuxième essai. Souhait: 16% de voisines de la même couleur. Résultat: 65% voisines semblables. Troisième essai. Souhait: 46%? Résultat: 87%.

En général, à ce moment-là, le joueur a compris. Ce qu'il a sous les yeux, c'est une ville américaine: sa ségrégation raciale, ses habitants blancs qui fuient les pâtés de maisons investis par les Noirs et ses quartiers monocolores.

Le jeu Tortues se trouve au musée de l'ordinateur de Boston, dans la même salle que l'aquarium virtuel. Pour Mitchell Resnick, c'est une autre illustration du principe de l'«émergence de comportements complexes à partir de l'interaction de règles simples». Sur le même principe, on peut aussi jouer à Termites (ramasser du bois pour construire des termitières) ou à Embouteillage (prendre une autoroute, des autos et un radar de la gendarmerie). C'est amusant, on comprend immédiat