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Libération

Le journalisme intelligent tient «Salon». Drôle, sexy et combatif, ce quotidien culturel et politique en ligne, créé en 1995 à San Francisco, a imposé un style plutôt iconoclaste.

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publié le 26 février 1999 à 23h54

San Francisco, envoyée spéciale.

Un journal qui serait à la fois intelligent, drôle et financièrement viable? S'il y avait une recette, ça se saurait et tout le monde l'appliquerait. Erreur. Il y a une recette, il y a des gens qui la connaissent. Et un journal qui l'applique. Salon Magazine est le meilleur ­ et de loin ­ des magazines publiés sur le Web. C'est sans doute aussi le meilleur des journaux américains. Ses confrères anglo-saxons s'en sont déjà aperçus qui, du New York Times au Guardian , en passant par le Wall Street Journal et Time, saluent avec un mélange d'envie et d'admiration ce magazine «effronté», «combatif», «sophistiqué», et le comparent au New Yorker, au Harper's ou à Vanity Fair. Les internautes aussi s'en sont aperçus, puisque ce magazine de «livres, politique, arts, voyages et idées» , créé en 1995 par David Talbot, compte 700 000 visiteurs et 13 millions de «pages vues» par mois.

Piquet de grève virtuel. Comment un magazine on line peut-il avoir un style aussi radicalement différent de celui des fanzines brouillons et bavards qui se multiplient sur le Web? Toute l'histoire a commencé en 1994 au San Francisco Examiner (SFE). Les journalistes, en grève depuis une semaine, ouvrent sur le Web un «piquet de grève virtuel», le San Francisco Free Press. Devant le succès de ce site, David Talbot, 46 ans aujourd'hui, alors responsable de la culture et des enquêtes au SFE, décide de lancer un vrai journal en ligne. «La presse était devenue timorée, ennuyeuse et