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Portrait

Tobozo, 29 ans, hacker français, s'est exilé à Dublin par crainte de poursuites judiciaires après des violations immodérées de sites. Histoire d'un pirate ordinaire .

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publié le 26 février 1999 à 23h54

Dublin (Irlande), envoyé spécial.

Il remonte l'avenue O'Connell sur ses rollers. C'est un pirate à roulettes, queue de cheval et bandeau autour du crâne. Après un jeu de piste sur le Net, quelques appels sur son portable, voila enfin Tobozo, hacker français de 29 ans expatrié à Dublin. Son dernier coup de griffe? Sa signature, déposée en décembre dernier sur le site web de l'American University of Paris: «Hacked by Tobozo.» Juste quelques mots. Pour signaler qu'il a pu violer le système, depuis un cybercafé. Tobozo n'a rien d'un crack, c'est un pirate ordinaire. «Pour certain, je suis même un lamer, ce qui est vraiment une insulte dans le milieu», concède-t-il. Il refuse le débat lexical. Hacker (informaticien très doué), cracker (le même, mais qui se sert de ses connaissances de manière illégale) ou simple bidouilleur, peu importe. Comme tant d'autres, il lit assidûment les sites web consacrés au hacking, y puise des logiciels, des conseils, des astuces.

Club informatique. On le suit dans une petite maison à quelques pubs du centre-ville. Un ordinateur désossé sur le sol, une affiche du Che, une autre des Simpsons. Quelques pétards l'aident à remonter le temps. «A 14 ans, mon père m'a botté le cul pour que j'aille au club informatique.» L'Internet était encore un gadget de scientifiques américains. Les jeux piratés circulaient partout. Tobozo repère les noms des stars du genre, «ceux qui crackaient les logiciels». Il commence à explorer son ordinateur en détail, les copain