Palo Alto (Californie), envoyé spécial.
Les pages s'empilent, les dossiers se mélangent. Le fouillis sur les écrans d'ordinateurs évoque celui des bureaux mal rangés. Mais là, impossible de chercher un papier dans une pile ou de tourner les pages d'un dossier pour y ranger des feuilles. Depuis son invention en 1978, l'interface graphique (la manière dont les données sont organisées à l'écran) n'a guère évolué. Nous en sommes toujours à cliquer sur des icones ou dans des menus à l'aide d'une souris dont on vient de fêter le trentième anniversaire. Chacun s'en plaint, utilisateurs et fabricants: «Je suis devant mon Macintosh et j'ai beaucoup trop de fenêtres ouvertes devant moi», admet Frédéric Morel, un responsable du marketing chez Apple France.
Genèse. Et l'industrie informatique se trouve empêtrée dans ce paradoxe: chacun critique cette interface à la complexité croissante, mais personne ne croit à la possibilité d'en changer. A l'exception de quelques audacieux. On en trouve par exemple sur le lieu même où l'interface graphique fut inventée: le centre de recherche de Xerox en Californie. Au Parc (Palo Alto Research Center), nous sommes presque à la campagne, au bas des collines qui bordent la Silicon Valley. Depuis les hauteurs, on domine cette étendue d'une soixantaine de kilomètres; un paysage d'immeubles de bureaux (rarement plus de deux étages), de pavillons, les grands routes. Sylvie Haas, la jeune Française responsable du marketing qui nous accueille, décrit ainsi l'e