L'Encyclopaedia Universalis a tourné la page. La maison trentenaire,
abonnée à la vente par courtage (porte à porte), sise dans un immeuble cossu à quelques pas de l'Arc de triomphe, à Paris, a presque renié Gutenberg pour l'édition électronique. Jusque-là réservée à un public piqué de culture et dont la bibliothèque était suffisamment costaude pour supporter les 60 kilos de l'édition papier, l'encyclopédie colonise désormais à toute allure les foyers dans sa version galette de 20 grammes. «On a mis trente ans pour vendre 550 000 encyclopédies. Il va nous en falloir à peine quatre pour "placer 180 000 CD-Rom», s'étonne Louis Lecomte, directeur du développement éditorial. Pierre Le Manh, le jeune PDG d'Encyclopaedia Universalis, parie sur 80 000 versions CD pour la saison 98/99 . Un score à faire pâlir l'édition papier et son tirage en berne. A peine 5 000 exemplaires l'an dernier et une performance en chute libre depuis 1990, dernière année faste avec 25 000 encyclopédies placées. A la racine du succès, d'abord le prix. Il a été divisé par cinq en quatre ans. En 1995, lorsque l'encyclopédie migre pour la première fois sur CD-Rom, la version électronique est présentée comme une sorte de prime (payante) aux acheteurs des 23 volumes à reliure cartonnée. Impossible de n'acquérir que la version CD. L'ensemble coûte à peu près deux Smic (9 400 F pour la version papier et 1500 F pour le CD-Rom). Deux ans plus tard, le CD rompt le cordon ombilical avec la matrice papier. Mais son