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Libération

Tribune. Auteur de «la Tyrannie de la communication», Ignacio Ramonet juge que le réseau ajoute à la confusion de l'information. Sur l'Internet, «une rumeur et une info se valent».

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publié le 16 avril 1999 à 0h48

Dans la Tyrannie de la communication, livre tout juste paru aux

éditions Galilée, Ignacio Ramonet, directeur du Monde diplomatique, analyse le rôle que les nouvelles technologies de l'information en général, et l'Internet en particulier, vont remplir dans la prolifération d'une information de plus en plus diffuse, et de moins en moins contrôlée. Entretien.

Vous parlez de l'affaire Lewinsky comme de l'événement fondateur d'un nouveau média. L'assassinat de John Kennedy, au début des années 60, fut filmé en direct par des cinéastes amateurs, et la diffusion de ces images par les grandes chaînes permit à la télévision ­ qui était alors le média de divertissement dominant mais pas un média d'information important ­ de démontrer qu'elle pouvait, dans certaines circonstances, mieux informer que les médias concurrents. L'affaire Lewinsky risque d'avoir, toutes proportions gardées, un impact semblable pour Internet. C'est, on le sait, sur le réseau que l'affaire fut lancée par Matt Drudge, animateur d'un site sur lequel il diffusait toutes sortes d'«informations de couloir», de rumeurs. C'est lui qui, alors que l'hebdomadaire Newsweek prenait son temps pour vérifier l'information sur la relation présumée (à l'époque) entre le Président et une stagiaire, décida de basculer sur Internet l'info non vérifiée. Et c'est cette irruption qui va affoler les autres médias, télévision comprise, qui voient apparaître là un média encore plus rapide qu'elle. Selon vous, l'Internet produirait lui