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Interview

Une sociologue française et une chercheuse américaine: deux analyses divergentes. Dominique Pasquier a participé à l'enquête européenne sur les jeunes et l'écran. «Les médias masculins seraient meilleurs? Qu'on me le démontre!»

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publié le 16 avril 1999 à 0h47

Sociologue, Dominique Pasquier est spécialiste des médias au CNRS.

Comment expliquez-vous le manque d'intérêt des filles pour les jeux vidéo?

D'abord par des phénomènes sociaux. Il y a une très forte sociabilité masculine autour de ces jeux, qui explique en partie que les filles soient absentes. Elles seraient condamnées à s'intégrer dans un réseau masculin et à rompre avec la sociabilité des filles autour de la presse people et de la télévision. Par ailleurs, il n'y a pas de jeux vidéo pour filles. Le contenu des jeux ­ combats, violence, sport ­ est très masculin et correspond au besoin d'agressivité symbolique des adolescents.

Plus généralement, quelles sont les attitudes des filles et des garçons vis-à-vis de l'informatique?

55% des garçons se considèrent comme des experts en ce domaine. Ils sont en général assez fanfarons sur la technique. Par ailleurs, la démarche par essais et erreurs des jeux vidéo convient mieux aux garçons qu'aux filles, parce qu'ils ont moins peur de se tromper. Il y a aussi des écarts considérables dans le temps passé à jouer. Les filles aiment bien essayer mais jouent peu et sont généralement réticentes à l'interface avec la machine. Elles sont prêtes à passer deux heures au téléphone. Pas devant une console. Or, il y a une logique de ces jeux: pour être bon, il faut jouer longtemps. Sinon, on reste moyen, voire mauvais. Les filles se disqualifient de cette manière. Et puis, elles aiment les romans, la fiction. Les femmes ont une compétence à la «