Berkeley (Californie), envoyé spécial.
La photo n'est pas très spectaculaire (voir ci-contre): deux hommes assis dans un couloir, avec entre eux un drôle d'engin, gros tube vertical posé sur des roulettes et surmonté d'un écran. Plus intrigant, ce titre en gros caractères qui accompagne le cliché: «C'est moi au milieu.» En septembre 1998, la revue britannique New Scientist consacre deux pages à un projet de recherche informatique mené à l'université de Berkeley (Californie). L'article explique que l'engin au milieu est un robot mobile que n'importe qui peut télécommander depuis tout PC connecté à l'Internet, donc depuis n'importe où dans le monde.
Grâce à la caméra et au micro dont le robot est équipé, l'internaute-pilote capte à distance l'image et le son, ce qui lui permet de guider l'engin de chez lui. Il peut également s'exprimer: un haut-parleur relaye sa voix et un petit bras articulé lui permet de faire quelques gestes simples. Quant à l'écran, il ne sert qu'à afficher le visage de l'internaute qui s'est glissé dans la machine, de manière à ce que les gens qui, à Berkeley, croisent le robot sachent qui est aux commandes.
Subitement, le titre de l'article prend tout son sens: ce «moi» qui est «au milieu», c'est-à-dire entre les deux hommes, eh bien c'est vraiment moi ou bien tout autre lecteur de New Scientist à qui prendrait l'envie de «s'incarner» dans le robot par la magie de l'Internet. Seul problème: l'article ne dit pas comment procéder. Alors pour prendre effecti