Le 20 avril dernier, dans le Colorado, Eric Harris, 18 ans, et Dylan
Klebold, 17 ans, ont tué treize de leurs camarades de classe avant de se suicider. Signes particuliers: les meurtriers étaient des acharnés de jeux vidéo violents comme Doom et Quake. Et Eric Harris avait un site web personnel sur lequel il prêchait la «suprématie blanche» et appelait au meurtre de ses voisins. Depuis, les médias américains parlent sans arrêt de la tuerie. A côté du débat sur les armes, la question posée est: «Internet et jeux vidéo sont-ils dangereux pour la santé mentale des adolescents?» Comme d'habitude, on retrouve deux camps: d'un côté, ceux qui veulent supprimer les jeux et sites violents. De l'autre, les inconditionnels de l'Internet qui crient à la censure. Mais que sait-on des liens entre Internet et violence? Une des rares études est celle de l'Australian Broadcasting Authority (l'équivalent du CSA) datant de 1997, et qui confirme qu'on trouve sur le Net à peu près les mêmes images de violence qu'à la télévision, plus des sites ouvertement racistes, sadiques, etc.
Mais le choc qui a touché l'Amérique est d'un autre ordre. Il a été exprimé par Daniel Okrent dans le magazine Time: «La magie et l'horreur du Web, ce n'est pas qu'il vous emmène dans le monde; au contraire, il amène le monde dans votre maison.» Un thème repris dans le New York Times par Thomas Friedman: «Avec Internet, plus rien ne compte: ni le quartier où vous habitez, ni votre porte fermée à clé" D'un clic de souris