Vite lu bien vu
Sur le créneau tout neuf du polar sur fond de high-tech, le roman Nécroprocesseurs, de Jacques Vettier, évite les facilités du vernis techno. L'intrigue est basique: un peu de gore (un tueur spécialisé dans le tournage de snuff movies, ces vidéos de tortures 100% authentiques), un brin de héros positif (un flic technophile), une once de sexe (outre le hard du snuff, le gentil policier se tape une fliquette) et des rebondissements (la jeune fille se fera-t-elle arracher les intestins par le fondement avec une batte de base-ball?). Mais la vraie bonne idée, ce sont les castings du spécialiste du snuff, fait sur l'IRC (Internet Relay Chat, les canaux de discussions en direct sur le Net). Un bon prétexte pour dépeindre longuement et avec précision l'ambiance particulière de ces «chats». Tout y est: le côté sous-Mireille Dumas des confessions anonymes, les pseudos ridicules (Coolwebeur), le métalangage régressif («ASV?» pour «âge, sexe, ville?» en guise de bonjour), la drague au Tomahawk («Tu suces?»). Du vite lu, bien vu. Où Vettier démontre qu'il est possible de moderniser le polar sans se contenter d'un simple troc du chapeau mou pour un casque de réalité virtuelle. F.L.
«Nécroprocesseurs», Jacques Vettier, Editions Métailié, 368 pp., 52 F.
Toile de clichés Sanguine sur toile, voilà le titre du dernier roman d'Alain Bron, qu'on connaissait déjà pour avoir co-commis la Démocratie de la solitude avec Laurent Maruani. Ici, le titre est devenu jeu de mots à références