Dijon, envoyée spéciale.
Assis dans un fauteuil fatigué, quelques électrodes au front et aux bras, Pavel Smetana supporte stoïquement la séance photo, en spectateur de sa propre création. «Et si on ferme les yeux, ça fait quoi?» Il baisse ses paupières et l'écran géant diffuse alors les jambes d'une femme qui marche. Rires. Une lecture tendance psychanalytique du film que se joue l'artiste tchèque serait simple: dès que le photographe s'approche de lui, les images s'accélèrent, projetant des outils, des instruments, des hommes taillant la pierre, des paysans d'Egypte draguant le Nil. Dès qu'il s'éloigne, au contraire, les images se font plus douces, plus aériennes. Et s'il ferme les yeux, le voilà «prisonnier» de ses fantasmes. La Chambre des désirs est une installation interactive étonnante et perturbante, qui donne à voir l'invisible, ce dont «rêve tout le monde: savoir ce que l'autre pense», résume Pavel Smetana. Biosignaux. Le «spectateur» commence par prendre peur, puisqu'il est nettoyé et affublé de détecteurs de «biosignaux», comme à l'hôpital pour un électro-encéphalogramme. Mais ces capteurs, reliés à quatre ordinateurs, s'ils lisent les fréquences cardiaques, le niveau de stress et les ondes du cerveau, n'établissent pas un diagnostic: ils programment en temps réel un film avec bande-son, unique pour chaque participant. Un procédé déjà utilisé par les détecteurs de mensonge, et une inspiration nourrie par les analyses freudiennes, pour un détournement artistique d